89-4 Résumés des articles
THÈME : BESOIN DE PUNITION
Catherine Chabert – Délivrez-moi du mal !
RÉSUMÉ – Certaines analyses mettent en évidence un défaut de construction hystérique du fantasme de séduction et son remplacement par la version « mélancolique » de ce fantasme : le coupable n’est plus le père ou son substitut mais la victime elle-même. La fille est à la fois criminelle et bourreau, elle satisfait elle-même son besoin de punition. Au-delà de ce mouvement mélancolique, l’auteur développe une autre dynamique mobilisée par la projection : l’émergence d’un mouvement d’allure paranoïaque permet de soulager l’intensité de l’autodestruction et un détour même partiel de la haine du surmoi contre le moi. Il y a donc une différence notable entre le besoin de punition et le besoin d’être puni : le besoin de punition s’enferre dans une intériorité autodestructrice, la contrainte compulsive d’un surmoi dominé par la violence pulsionnelle et la menace d’une désintrication mortifère. Le besoin d’être puni implique une scène, même imprécise, mais qui ouvre vers l’objet.
MOTS-CLÉS – séduction, projection, punition, mélancolie, paranoïa.
Michel Picco – Entre investissement narcissique et œdipien de l’objet
RÉSUMÉ – L’investissement de l’objet œdipien à partir deuil du narcissisme primaire ne va pas de soi comme le montre la facilité avec laquelle s’opèrent certains mouvements de replis narcissiques défensifs. Si d’un côté il est difficile d’abandonner les positions narcissiques, de l’autre, l’objet, indocile aux exigences du moi, suscite régulièrement déception et colère. C’est cette zone de conflits parfois violents entre investissement narcissique et investissement œdipien de l’objet avec ses variations que ce texte explore, car si les mouvements pervers visent à nier l’existence de l’objet, l’idéalisation dans le transfert quant à elle tente de restaurer le lien avec l’objet narcissique alors que les organisations paranoïaque et mélancolique en assurent chacune à leur manière la conservation. La situation analytique semble cependant proposer des perspectives d’accomplissement de ce deuil du narcissisme primaire à partir de l’attraction de la processualité œdipienne qui la sous-tend.
MOTS-CLÉS – deuil, mélancolie, narcissisme, objet, paranoïa
Marie-Laure Léandri – Besoin de punition : les territoires de la faute
RÉSUMÉ – L’expression « besoin de punition » nous laisse dans l’inconnu face au pourvoyeur de ladite punition : Qui punit ? Soi ? L’objet ? Se punir ou être puni, chacune des formules engage un pôle qui lui est propre : le pôle narcissique pour la première, et le pôle objectal pour la seconde. Partant, cette soudure entre ces deux pôles a retenu l’attention de l’auteur qui montre un mouvement d’oscillation entre les deux pôles dans une cure. In fine, le « besoin de punition » n’est pas nécessairement synonyme d’une culpabilité de type mélancolique, et s’inscrit dans certains cas dans une dynamique névrotique. Questionner le « besoin de punition » et examiner ses sources va engager aussi la notion de « fixation » ; à cet égard, l’auteur met en regard « fixation à l’objet » et « envahissement » par l’objet, possibles indicateurs là encore de territoires névrotiques ou moins névrotiques, en rapport avec les limites plus ou moins assurées des espaces psychiques.
MOTS-CLÉS – besoin de punition, masochisme, fixation, don de sentiments, culpabilité.
Prolongements et ouvertures
Paul Denis – Du besoin de punition : « On bat un enfant », fantasme originaire ?/em>
RÉSUMÉ – Le sentiment inconscient de culpabilité a été substitué par Freud à « l’affect inconscient de culpabilité » : un affect est, par définition, conscient. Sentiment inconscient de culpabilité et besoin de punition sont liés, mais il faut distinguer fantasme de culpabilité et conscience de culpabilité, fantasme de punition et besoin de punition. La conscience de culpabilité liée à un remords peut rester dans le champ névrotique si sa charge économique ne déborde pas les ressources et limites de l’appareil psychique ; s’il y a débordement économique du moi s’ouvre la voie comportementale du besoin de punition. Le fantasme Un enfant est battu, porteur d’une excitation qui se résout dans l’onanisme ou la fantasmatisation, combine de multiples éléments et se retrouve au cœur de nombreux développements constructeurs pour le psychisme. On peut le considérer comme un fantasme originaire essentiel.
MOTS-CLÉS – affect, culpabilité, emprise, fantasmatisation, masochisme, représentation, sentiment.
Denys Ribas – Cent ans de masochisme
RÉSUMÉ – Cent ans après la parution du « Problème économique du masochisme », le besoin de punition et le sentiment inconscient de culpabilité alimentent toujours la souffrance et les plaintes de ceux qui se sentent accablés par un destin injuste dans la méconnaissance de la dimension sexuelle du masochisme moral qui en résulte. Alors même que la psychanalyse, et sa prise en compte de la sexualité humaine, est contestée, il importe de revenir à la révolution opérée par la seconde théorie des pulsions freudienne et la précession du masochisme sur le sadisme. Soulignée par Benno Rosenberg, l’intrication pulsionnelle première du masochisme érogène origine le moi et la temporalité psychique. André Green a souligné le rôle désobjectalisant de la pulsion de mort. Il est utile de préciser les différences de leurs points de vue. Le masochisme moral a la particularité de réaliser une régression œdipienne incestueuse. Au-delà des enjeux complexes de l’écoute analytique du masochisme, l’analyse doit aussi remettre en cause le déni de l’altérité que celui-ci permet.
MOTS-CLÉS – masochisme moral, besoin de punition, masochisme érogène, pulsion de mort.
Évelyne Chauvet – Narcissisme et culpabilité : le rapt de l’objet
RÉSUMÉ – L’auteur propose d’articuler et de différencier cliniquement et métapsychologiquement le besoin de punition dans la mélancolie et dans le masochisme moral par rapport au conflit névrotique, en soulignant le caractère masochiste de la culpabilité lorsqu’elle est érotisée. Elle interroge la dimension narcissique dans les deux champs cliniques, le narcissisme pouvant être un obstacle ou un levier du travail de deuil. Elle propose une réflexion sur la difficulté d’investir l’objectalité de l’autre et du monde extérieur, et montre que l’identification narcissique qui rend moi et objets interchangeables est le moyen pour le moi de se séparer de l’objet et de se dresser contre lui, tout en le conservant. L’investissement narcissique de l’objet oblige le moi à mobiliser une défense régressive pour ne pas renoncer à l’objet perdu, qui consiste en un « un rapt » de l’objet par incorporation. Le conflit d’ambivalence pourra alors s’élaborer dans la cure via le transfert et le processus de dés-idéalisation et de renoncements qu’il permet.
MOTS-CLÉS – fantasme de fustigation, culpabilité, masochisme moral, identification narcissique d’objet, incorporation mélancolique, conflit d’ambivalence, altérité.
Bernard Chervet – Au-delà du masochisme. Le besoin de punition, une interprétation anti-traumatique
RÉSUMÉ – La référence à la notion de punition se présente en psychanalyse selon diverses modalités. Le souhait masochiste de punition, lié à des punitions de l’enfance, peut servir à dissimuler un accomplissement hallucinatoire de souhaits œdipiens. Parfois, la recherche récurrente d’une punition s’organise en un trait de caractère. Des transgressions manifestes servent à apurer des transgressions inconscientes concernant le fonctionnement mental. La punition se réfère alors à une culpabilité envers le surmoi et son principe, le renoncement. Le besoin de punition apparaît dans un tout autre contexte, celui de la négativation et de la tendance extinctive. Il s’agit d’une interprétation à valeur anti-traumatique, convoquée quand l’impératif de retenue n’est pas efficient, que la culpabilité est une conséquence des dommages causés aux pulsions, que le masochisme gardien de la vie, fait défaut, et que l’attraction régressive suit un cours au-delà du masochisme jusqu’à la réalisation de diverses castrations.
MOTS-CLÉS – masochisme de retenue, meurtre fondateur, surmoi, identifications défectives, punition, interprétation anti-traumatique.
Sylvie Pons Nicolas – Punir, être puni, se punir. Du besoin de punition à l’autopunition
RÉSUMÉ – À partir de situations limites, comme celles rencontrées lors de réaction thérapeutique négative, de transfert passionnel ou d’apparition de défenses paradoxales dans la cure, l ‘auteure interroge la différence entre besoin de punition et auto-punition. Elle propose que dans ces situations de résistances par le transfert, le besoin de punition se manifeste par le biais d’un masochisme agi intricateur recelant par retournement une passivation sadique de l’analyste. Il s’offrirait comme une solution sado-masochiste en acte équivalente au fait d’être puni, punir, qui témoignerait des carences de la symbolisation primaire et de l’échec à trouver une solution névrotique à la culpabilité inconsciente. Modalité figurative de cette culpabilité, il serait à entendre comme une défense par rapport au risque de perte d’objet, l’enjeu étant davantage identitaire qu’œdipien. Dans la cure, la transformation de ce transfert agi en représentations fantasmatiques sado-masochistes infantiles serait l’indice de manifestations plus névrotiques, du passage du besoin de punition à l’auto-punition.
MOTS-CLÉS – besoin de punition, auto-punition, masochisme, réaction thérapeutique négative, transfert passionnel, défenses paradoxales.
Élise Jonchères – La douleur corporelle comme punition ou issue ?
RÉSUMÉ – La douleur, dont l’effraction dans le corps mobilise un contre-investissement narcissique, a une fonction de délimitation des frontières du moi, lorsqu’une fixation à une relation primaire a rendu une différenciation difficile. C’est bien le corps, lieu de l’emprise maternelle, qui va être le siège du besoin de punition. Pour l’artiste M. Abramovic, le vécu orgastique de traverser la douleur lors de performances violentes lui donne une autorisation à vivre. Pour Louis, dans le fragment de cure présenté, l’installation d’une douleur chronique succède à une réaction thérapeutique négative et permet une sortie d’un état mélancolique et un remaniement de son rapport aux imagos, construites sous forme persécutive. La douleur va avoir fonction de structure encadrante permettant l’hallucination négative de la mère. Le père œdipien d’un enfant est battu est présent en creux dans la scène, dans la présence concrète du spectateur anonyme ou comme adresse fantasmatique, à la fois redouté et haï.
MOTS-CLÉS – performance, douleur, masochisme pervers, réaction thérapeutique négative, masochisme moral, passivité plaisante.
Béatrice Braun Guedel – La culpabilité mélancolique : une punition « mortelle » ou un Joker ?
RÉSUMÉ – Quelle pathologie plus que la mélancolie évoque un besoin si massif de punition qu’il peut conduire à la mort ? Cependant, l’auteure pense que la culpabilité délirante présentée pourrait parfois, analyse aidant, être vue comme une sorte de « joker » témoignant d’une tentative, sous l’égide du clivage, de masquer par sa massivité d’autres culpabilités plus névrotiques tapies dans la clandestinité du refoulement. Pourquoi cette nécessité d’un masque, d’un leurre, et quelle évolution espérer ? C’est ce que l’auteure essaiera de comprendre au travers de l’exemple clinique d’une cure où la levée d’un refoulement et l’élaboration du refoulé ont permis aux clivages devenus inutiles de tomber. Nous insisterons sur la place centrale de la haine dans le travail de mélancolie. Et nous évoquerons les difficultés du deuil à élaborer que connaissent ceux, parmi ces sujets, qui ont eu recours à leur insu à la tentative d’autoguérison magique qu’est la manie.
MOTS-CLÉS – mélancolie, clivages, angoisse, haine, excès, contre-transfert.
Michail Dimitrakopoulos – Le masochisme et le Surmoi bisexuel
RÉSUMÉ – En tant que manifestation spécifique du masochisme moral, le besoin de punition entre dès le départ (1924) en conflit avec les prérogatives du Surmoi punitif (1923), rendant incertaine la distinction claire et nette entre le masochisme et la conscience morale. Après une esquisse de la dialectique ouverte de ce conflit sont évoquées rapidement les deux tentatives les plus importantes pour sortir des apories relatives dans l’œuvre freudienne, telles qu’on les rencontre dans « le masochisme gardien de la vie », chez Benno Rosenberg, et le Surmoi gardien du sens psychique, chez Jean-Luc Donnet. La première tente de sauver la cohérence interne du besoin de punition en prônant la priorité du masochisme, tandis que la deuxième déplace le conflit en question au sein même du Surmoi, en y intégrant le masochisme sous la composante féminine d’un Surmoi bisexuel. Une courte vignette clinique permet de formuler quelques interrogations sur les conséquences de ces apories pour l’interprétation du besoin de punition dans la cure.
MOTS-CLÉS – besoin de punition, culpabilité, masochisme, masochisme moral, sexualisation/désexualisation, Surmoi, Surmoi bisexuel, Surmoi impersonnel, Surmoi processuel.
Mirella de Picciotto – De la somatisation à la projection, quand le surmoi peine à se constituer
RÉSUMÉ – À travers la cure d’un jeune homme affecté par une somatisation qui le plonge dans un état quasi mélancolique, nous nous proposons d’explorer par quelles voies le besoin de punition, lié à son sentiment inconscient de culpabilité, viendra se satisfaire. Le déroulement de la psychothérapie mettra à jour la difficulté à constituer un surmoi dans une configuration au sein de laquelle la structuration œdipienne ne peut se mettre en place du fait d’une prépondérance des effractions traumatiques dans l’enfance du patient, dans une famille dans laquelle l’incestualité tient une place importante. Un moment transférentiel ouvrira la voie vers une élaboration féconde et la possibilité d’un fonctionnement nouveau. La fonction des somatisations et de la projection particulièrement à l’œuvre chez le patient viendront faire écho aux hypothèses proposées par Claude Smadja et Jean-Loius Baldacci concernant l’articulation entre le besoin de punition et la somatisation.
MOTS-CLÉS – somatisation, masochisme moral, mélancolie, paranoïa, surmoi.
DOSSIER : LES NÉVROSES 1894-1980
Nicolas Gougoulis – Tribulations d’une notion diagnostique : un voyage dans l’histoire des névroses
RÉSUMÉ – L’auteur résume le parcours historique de la notion de « névrose » depuis son apparition dans les classifications psychiatriques et neurologiques jusqu’à sa récente disparition des manuels diagnostiques. Il souligne l’importance d’une acception épistémologique du terme dans le cadre de la relation thérapeutique. Le terme de névropsychose introduit par Freud a été à l’origine d’un changement de paradigme de la relation médecin-malade, créant l’idée du patient agent actif de sa thérapie. Le retour d’une idéologie post-kraepelinienne à prépondérance biologique a renversé ce schéma, réintroduisant des notions comme la compliance au traitement et l’éducation thérapeutique. Ces mouvements sont envisagés sous l’angle historique sans jugement de valeur.
MOTS-CLÉS – névrose, histoire, classification, diagnostic, psychiatrie.
Vassilis Kapsambelis – De l’angoisse au stress, aller et retour
RÉSUMÉ – La notion d’anxiété ou angoisse naît des observations d’un certain nombre de symptômes neurovégétatifs cardiovasculaires, dans un contexte où la psychiatrie néglige la symptomatologie affective et émotionnelle, privilégiant les troubles strictement mentaux. Devenue centrale dans le groupe des névroses conçu par Freud et Janet, elle fera l’objet de toute une clinique de transformations. Puis, le terme sera partiellement délaissé, la crise d’angoisse devenant attaque de panique et le « stress » remplaçant l’angoisse. Mais ce vocable lui-même est l’héritier d’un état psychique qui s’apparente à la détresse, renvoyant ainsi l’angoisse à ses formes les plus archaïques, celles de l’angoisse de l’être.
MOTS-CLÉS – angoisse, anxiété, stress, panique, détresse.
Paul Denis – Conversion ou hypocondrie ?
RÉSUMÉ – L’hypocondrie exprime une angoisse par l’affirmation d’un trouble corporel. Sa situation nosographique peut varier entre névrose et psychose, en passant par le souci sur la santé de soi-même ou d’un proche. La conversion hystérique montre le trouble somatique sans l’exprimer verbalement, alors que l’hypocondrie s’adresse à un autre, souvent rendu impuissant. Entre ces deux pôles, des troubles somatiques divers peuvent être investis de façon hystérique ou hypocondriaque, par exemple les douleurs chroniques comme la fibromyalgie. D’autres manifestations cliniques (simulation, pathomimie, dysmorphophobie, ou encore anorexie ou la transidentité) peuvent venir se greffer sur cette problématique. Elles posent, dans leur polymorphisme, la question de la place du refus et de la perte dans la vie psychique.
MOTS-CLÉS – angoisse, sexuation pubertaire, dépersonnalisation, douleur, fibromyalgie, hystérie, pathomimie, transidentité.
Samuel Lepastier – Quelques réflexions à propos des symptômes médicalement inexpliqués
RÉSUMÉ – La clinique médicale contemporaine revendique une scientificité sans cesse accrue comme en témoigne la part croissante des examens de laboratoire et des techniques d’imagerie au détriment du contact physique avec le corps du patient. La médecine fondée sur des preuves, evidence based medicine, est la théorie qui fonde cette pratique. C’est la version la plus récente du modèle lésionnel sur lequel repose la clinique contemporaine depuis le dernier tiers du 18e siècle. Or, de même que William Cullen avait défini les névroses à partir de patients ayant présenté des troubles neurologiques pour lesquelles aucune lésion n’avait été retrouvée à l’autopsie, aujourd’hui nous constatons qu’au moins un tiers des patients en médecine interne présente des symptômes médicalement inexpliqués, ce qui témoigne de persistance de l’hystérie de conversion et du caractère vain des efforts pour l’éliminer.
MOTS-CLÉS – Evidence based medicine, symptômes médicaux inexpliqués, troubles neurologiques fonctionnels, névrose, hystérie, hypocondrie.
François Richard – Interpréter le sexuel ?
RÉSUMÉ – La méthode d’association libre a été conçue pour éclairer l’étiologie sexuelle des névroses. Est-elle aussi appropriée aux états limites et aux organisations œdipiennes fragilisées par la poussée du polymorphisme sexuel pervers d’origine infantile ? Il existe aujourd’hui une tendance à minorer l’importance de la sexualité alors que pourtant l’écoute et l’interprétation de la psycho-sexualité constituent un accès privilégié aux angoisses archaïques corollaires de la relation primaire à l’objet maternel. Sont proposées des hypothèses sur la façon d’articuler l’interprétation du sexuel et celle des angoisses archaïques, ainsi que sur la présence du clivage dans le refoulement. Freud, de 1894 à 1901, montre que l’accès aux scènes sexuelles traumatiques cache toujours un autre trauma : les chaînes associatives sont tout aussi polymorphes que le sexuel infantile. En conclusion, l’analyse d’une adolescente illustre la manière contemporaine d’allier avec souplesse une contenance calmante et une interprétation symbolique du sexuel dans le transfert.
MOTS-CLÉS – adolescence, associativité, névrose, polymorphisme, sexualité, trauma.
Catherine Weismann-Arcache – L’homme aux rats était-il un enfant TSA ? Le Petit Hans était-il un enfant HPI ? Destins contemporains des névroses de l’enfant
RÉSUMÉ – Les expressions cliniques dites neurodéveloppementales, tels le haut potentiel intellectuel ou les troubles du spectre autistique, ne seraient-elles pas les destins contemporains des névroses de l’enfant ? À contretemps nous proposons une lecture neuro-développementale fictive des cas de Freud, et à contre-courant, une lecture psychanalytique d’une grave névrose obsessionnelle masquée par le HPI d’un enfant d’aujourd’hui. Nous questionnerons le tour de passe-passe qui fait du cerveau l’origine du monde, occultant la sexualité infantile.
MOTS-CLÉS – névrose obsessionnelle, phobie, neuro-développement, haut potentiel intellectuel, trouble du spectre autistique, pulsion de savoir.
RUBRIQUES
Rubrique Histoire de la psychanalyse
Baptiste Pouget – L’épistémologie psychanalytique, guerre et passion. À propos des Controverses Anna Freud-Melanie Klein
RÉSUMÉ – Les Controverses Anna Freud-Melanie Klein se développent dans un contexte de guerre et en portent la trace. Le groupe britannique s’affronte à une destructivité extérieure qui exacerbe les conflits internes, tandis que la mort de Freud induit un durcissement des positions et provoque des mouvements de défense maniaque. Les débats entendent se tenir sur le terrain de la rationalité, mais ils révèlent leurs ancrages pulsionnels et fantasmatiques et mettent à nu la part des enjeux libidinaux et transférentiels qui interfèrent avec les questions épistémologiques soulevées. L’Histoire, tout comme la scène des Controverses, a démontré que le dieu Logos est en réalité une puissance neutre pouvant indifféremment se mettre au service de la liaison ou de la destruction. Les Controverses peuvent être interprétées comme une mise en scène inconsciente et groupale d’un conflit, intime en chacun, entre l’arrière-psychique et l’adaptation à la réalité.
MOTS-CLÉS – Controverses, épistémologie, réalité, rationalité, destruction.
Catherine Matha – L’effacement, une figure du besoin de punition : Sabina Spielrein
RÉSUMÉ – L’auteure fait l’hypothèse qu’une part d’investissement passionnel participe à la dynamique masochiste du besoin de punition et à l’un de ses destins possibles : l’effacement. Les écrits épistolaires et le journal de Spielrein, analyste longtemps effacée des mémoires et dont le travail théorique est méconnu, prennent fonction de matériel clinique. Ils permettent d’interroger les nouages entre « besoin de punition », « masochisme » et « passion », actualisés dans la relation transférentielle avec Jung. Les débordements de ce dernier alimentent une dérive passionnelle du transfert : actualisation d’une passion originaire résultant du non-renoncement à la promesse narcissique d’embrasser un destin d’exception qu’il lui faudrait dans le même temps payer. La « réclamation » s’accompagne ainsi d’un comportement autopunitif contrevenant à ses attentes. Avec une dynamique susceptible d’aviver la blessure narcissique et d’actualiser le sadisme inconscient de l’analyste. S’effacer, être effacé : une voie mélancolique du besoin de punition ?
MOTS-CLÉS – auto-destructivité, effacement, masochisme, passion, transfert narcissique.
Processus analytique
Sabina Lambertucci-Mann – L’au-delà du processus analytique et des transformations : la construction des processus
RÉSUMÉ – Les notions de processus et de transformations traversent toute la pensée freudienne. Après une reprise détaillée de l’étymologie, l’auteure souligne et explique la difficulté de traduire ces deux mots à partir de la langue allemande, d’où certaines confusions entre processus analytique et processus psychique. Est ensuite décrite la double dynamique progrédiente et régrédiente du processus analytique qui peut favoriser l’advenir de transformations psychiques, via un travail de déformation, ou, au contraire, échouer face aux configurations traumatiques qui peuvent conduire aux analyses interminables. Si les notions de processus et de transformation font toujours débat parmi les psychanalystes d’aujourd’hui, la méthode analytique favorise la construction des opérations psychiques impliquées dans la processualité. L’auteure fait ainsi l’hypothèse que la dynamique de construction-reconstruction recouvre, de manière asymétrique, une fonction essentielle du travail analytique tant chez l’analyste que chez l’analysant.
MOTS-CLÉS – héritage, transmission, Controverses, Melanie Klein, Anna Freud, Donald W. Winnicott.

