La Revue Française de Psychanalyse

Les colloques de la Rfp

Chaque début d’année, la Revue française de psychanalyse organise son colloque. Il est conçu en lien avec les réflexions et contributions de son premier numéro qui paraît au mois de mars. Un enregistrement audio est en vente sur le site de congrès minute. Ce colloque se veut un moment d’échanges autour de la psychanalyse contemporaine avec des psychanalystes mais aussi des personnalités d’autres disciplines. Il est ouvert à tous les publics.

 

C o l l o q u e   2 0 21   –   Quelle liberté ?

Comme l’amour, l’idée de la liberté suscite des élans et des passions par son pouvoir d’attraction psychique en profondeur. Objet d’idéal ou de terreur, elle est marquée dans notre culture, au croisement des mouvements psychiques individuels et des aspirations des peuples luttant pour leur affranchissement des pouvoirs autoritaires, par le sceau d’une séduction incontestable.

Comme l’amour, la liberté serait toujours à conquérir mais qu’en est-il alors de ces courants contraires qui poussent à la sacrifier dans le plaisir, l’hédonisme, le devoir ou l’effroi de la perte de l’objet ?

Ne porte-t-elle pas d’emblée l’idée d’un rapport à soi ou aux autres ? Comment la concevoir hors du registre de la conscience et de celui d’une altérité représentable ?

La liberté n’est pas en tout ou rien, ni un absolu, mais au contraire elle ne se conçoit pas sans médiations et sans degrés, car elle n’existe que dans son lien dialectique à son autre, la nécessité.

Si la psychanalyse est porteuse d’une conquête de la liberté du sujet elle ne peut toutefois se passer d’un contexte socio-politique et culturel qui la reconnaît, la définit et indique ses limites, garants de l’altérité. La liberté avec ses limites serait-elle alors au service d’une altérité porteuse de la conflictualité comme de la fécondité de la pensée ?

 

C o l l o q u e   2 0 20   –   L’enfant modèle

Freud enfant aurait pu, comme nous, lire Les petites filles modèles, roman de la Comtesse de Ségur paru en 1858. Il aurait rencontré Camille et Madeleine « bonnes, gentilles, aimables » soumises aux injonctions éducatives des adultes, et leur cousine Sophie, modèle de l’enfant perverse polymorphe, animée par la curiosité infantile, proche de ce qu’il allait construire quarante ans plus tard : l’enfant (l’infantile) comme modèle épistémologique de la psychanalyse. Les « modèles » s’étant multipliés, la question d’André Green (1979) se pose plus que jamais : que faire de l’enfant que Freud a mis dans les bras des psychanalystes ?

L’hétérogénéité du modèle a varié avec les courants psychanalytiques. Chacun des courants postfreudiens construit en filigrane son « enfant modèle » et ses techniques du maniement du transfert.

Avec la récente possibilité d’éditer le génome,  l’idée de l’enfant « parfait » débarrassé dès avant sa naissance des maladies héréditaires conduirait-elle à choisir les critères du bébé modèle ? Est-il urgent de repenser les liens entre « l’enfant » et le désir « d’enfant idéal » des parents ?

A travers la prolifération des questions nouvelles posées aussi bien par les évolutions de la clinique que par les technologies, l’enfant modèle dessine-t-il des relations nouvelles avec l’objet ? Le sexuel infantile, ses intrications et ses désintrications constituent-ils une invariance qui pourrait tenir lieu de terre natale et de fil conducteur ?

 

C o l l o q u e   2 0 1 9   –   Regard

Aux débuts de la psychanalyse, Freud décide de soustraire l’analyste au regard du patient. Ce retrait marque à la fois l’abandon de l’hypnose, l’instauration de la cure de parole et ouvre le champ du regard vers le dedans, vers l’intimité de la vie psychique.

Interrogé par les philosophes, scruté par les peintres, identifié parfois à l’âme elle-même, le regard est au cœur des tensions entre désir et interdit de voir, source et objet de la pulsion. Les travaux de Winnicott, Lacan, Bion, et de bien d’autres à leur suite, montrent comment le regard, pour peu qu’il soit habité et porteur d’une intériorité, est impliqué dès le début de la vie dans la constitution du sujet et de l’altérité, mais comment, a contrario, un regard vide de désir, contrarie et désorganise durablement le développement.

Le regard sollicite tous les couples d’opposés. Se montrer, s’exhiber, voir, animent de nombreuses manifestations du sexuel infantile. Ils peuvent aussi donner forme au clivage du moi dans les organisations perverses. La modernité médiatique et les innovations technologiques développent jusqu’à l’excès la capture du voir sur les modes actif ou passif. Narcisse y fait-il son lit ?

À l’heure où l’importance du regard est également un élément essentiel pour décider du cadre, ce sont tous ces aspects du regard que notre colloque tentera de questionner.

 

C o l l o q u e   2 0 1 8   –   E n   s é a n c e   !

logo-rfpFreud, à travers la métaphore du jeu d’échec, exprimait la difficulté de rendre compte de la séance d’analyse. Un siècle plus tard, la séance conserve toute sa complexité, mais s’est aussi diversifiée. Fragment de la situation psychanalytique, chaque séance est unique, elle met en jeu la relation patient/analyste, inclut le processus avec ses contenus, objets de l’interprétation, le cadre, à l’intérieur duquel les variables du processus ont lieu, sans oublier la forme et la structure que prend chaque séance avec son lot de micro-transformations.
Tout en gardant ces invariants, la séance analytique est désormais proposée selon différents cadres (privés, publiques, voire à distance), aux différents âges de la vie, du nourrisson au grand âge, individuellement ou en groupe. Face aux défaillances de la symbolisation, ne convient-il pas de considérer la séance, et sa tâche de psychisation, voire sa construction, comme fondamentale ? Quelles sont les spécificités de ces types de séances, comment s’y rencontrent les protagonistes, entre transfert et contre-transfert, quelles sont les incidences de la réalité et les modalités transitionnelles ? Telles sont les questions que nous voudrions explorer dans ce colloque.

 

C  o l l o q u e   2 0 1 7   –  R i r e 

Le rire est un mouvement spontané du corps, un court-circuit psychosomatique sonore, une décharge de tension, entre plaisir et déplaisir. Compris le plus souvent comme l’effet d’un manque de refoulement, un défaut du préconscient, le rire est aussi impliqué dans des productions hautement secondarisées comme en témoigne l’humour. Freud a tout d’abord souligné son caractère de décharge, trouvant l’équivalent dans une levée de refoulement dont il est parfois l’indice. Dans son texte sur l’humour, il distingue un rire témoignant d’un accomplissement du désir d’un rire lié au triomphe du narcissisme. Enfin, dans ses derniers écrits, le rire apparaît comme une issue pour un excès d’excitation en manque de représentation ouvrant la voie vers une clinique des défauts de mentalisation. Cette métapsychologie du rire trouve toute sa pertinence en séance. A quel moment le rire apparaît-il ? Est-il la marque d’une étape dans le processus de la cure ? Et qu’en est-il du maniement du rire par l’analyste ? Permet-il de créer un climat de confiance ou de séduction ? Le rire partagé n’est-il pas une voie d’entrée dans une communauté de déni ? Inoffensif et bon enfant, le rire peut être acerbe et subversif. La tradition des caricatures dans les journaux en témoigne. Comme en témoigne aussi l’attaque terroriste de janvier 2015 contre Charlie Hebdo dont ce colloque, qui tente d’étudier les différentes faces du rire, se veut aussi l’écho.

 

C o l l o q u e   2 0 1 6    –  P o u r q u o i   l a   g u e r r e  ?

Cette question est le titre choisi en 1933 par Freud pour répondre à l’invitation d’Albert Einstein de contribuer à la démarche initiée par la SDN dans l’espoir de préserver la paix face à la menace d’un nouveau conflit mondial. Comme il le fait en 1915 dans les Actuelles sur la guerre et la mort, Freud tente de saisir les mécanismes individuels et groupaux à l’œuvre, et de comprendre comment les motions pulsionnelles, « en soi ni bonnes ni mauvaises », peuvent à la fois nous permettre d’en savoir plus sur les forces de destruction humaines et sur les voies possibles pour combattre la guerre. À l’heure où nous sommes, son appel à une « dictature de la raison » reste pourtant un vœu bien incertain et la paix un horizon lointain. Face à toutes ces guerres si profondément assimilées que nous ne pouvons presque plus les isoler ou les différencier – guerre entre les états, guerres civiles, guerre entre les sexes, au sein des couples ou entre les penseurs et les pensées – le pouvoir de liaison d’Éros apparaît comme bien fragile et souvent inséparable de la force de destruction. Sans donner de réponse globale, la psychanalyse ne peut-elle continuer d’apporter sa contribution au débat par sa réflexion et son action thérapeutique ? Dans un esprit de dialogue avec d’autres disciplines, ce colloque a pour volonté de défier la guerre, dans un sens élargi ou métaphorique.

 

C o l l o q u e   2 0 1 5   –   L e   m e n s o n g e 

Le mensonge n’est pas un concept psychanalytique. Mais Freud en a, dès 1895, avec le « proton pseudos hystérique », repéré tout l’intérêt, qui signe l’existence de la réalité psychique. Chez l’enfant comme chez l’analysant, l’apparition de la tentation de la dissimulation, de l’omission, du refus ou de l’impossibilité de dire n’exprime-t-elle pas une possibilité de dégagement et d’autonomie offerte au sujet ? Ainsi, Piera Aulagnier faisait du droit au secret la condition de la pensée. De la psychopathologie quotidienne et du mot d’esprit à l’apparition du mensonge chez l’enfant et au mensonge pathologique, les territoires du mensonge intéressent toute la psychanalyse, à commencer par la définition du transfert comme « fausse liaison ». Mais le mensonge apparaît aussi dans des pathologies graves comme expression de troubles narcissiques de la personnalité, voire d’organisations narcissiques destructrices, perverses ou psychotiques. La mythomanie en témoigne, version pathologique du registre de la toute-puissance infantile, du déni de la castration, d’une folie d’emprise sur autrui et sur le monde. Ce sont ces territoires que nous vous invitons à explorer au cours de ce colloque : questions sur la vérité et l’identité, l’idéalisation et le clivage du moi, de l’approche freudienne aux élaborations contemporaines.

 

C o l l o q u e   2 0 1 4   –   C e n t   a n s   d e   n a r c i s s i s m e 

En 1914, Freud publie Pour introduire le narcissisme : introduire dans le champ de la psychanalyse une notion qui circule chez les « sexologues » de l’époque et dans les cercles psychanalytiques en résonance avec celles d’homosexualité et de psychose. De cette notion circonscrite désignant « le comportement par lequel un individu traite son propre corps de la même manière qu’on traite d’ordinaire celui d’un objet sexuel », il fera un concept dont la polysémie sera dénoncée. Et son usage extensif et banalisé contribuera à en occulter la complexité. Car cette possibilité d’investissement libidinal du moi lui-même ne manque pas d’interroger les fondements de la théorie. Certaines questions amorcent un développement fécond : ainsi avec Deuil et mélancolie autour du futur surmoi et des instances idéales. D’autres ouvrent à des contradictions : par exemple entre choix d’objet par étayage, prototype de l’objectalité et choix d’objet narcissique, introduisant la problématique du double et de la spécularité. D’autres montreront leurs limites : le modèle économique de la balance libidinale entre investissements objectaux et narcissiques. Enfin qu’en est-il des hypothèses de « genre » que Freud formule ici : qu’en disons-nous aujourd’hui, à la lumière de cent ans de travaux sur le féminin ?

 

C o l l o q u e  2 0 1 3   –   F i n i r   l ‘ a d  o l e s c e n c e

En ces temps où les adolescents affichent plus que jamais pour eux-mêmes et pour tous une « soif d’illimité », formant ainsi une nouvelle « royauté » narcissique virtuelle, finir l’adolescence peut s’entendre comme une injonction surmoïque tout autant qu’une aporie. Finir l’adolescence dans ce contexte expose à l’épreuve du temps et de la chute narcissique, au devenir sujet de soi-même, de son sexe de femme ou d’homme et de ses choix d’objet, éveille l’angoisse de castration face aux passages symboliques pour devenir adulte. Finir, passer, devenir, imposent à nouveau la mesure de la solidité des limites internes et de l’identité, la qualité des modalités introjectives comme celles de la réponse de l’objet, des parents, du socius.
C’est à la clinique de l’in-finir que les patients convoquent essentiellement les psychanalystes, quand le travail psychique est en panne derrière les façades adaptatives, quand l’amorce d’une vie de couple, d’une profession, d’une future parentalité exacerbe des conflits inconscients restés silencieux, ou provoque des désorganisations psychopathologiques sévères. Comment finir ? Pourquoi finir ? Et si « une position adolescente » s’organisait de façon heureuse comme une source de la potentialité créative tout au long de la vie ?