La Revue Française de Psychanalyse

DE LA SÉDUCTION NARCISSIQUE

DE LA SÉDUCTION NARCISSIQUE

Où l’on démontre que 1 + 1 = 1= ∞

Chapitre VI du rapport de P.-C. Racamier publié dans la Revue française de psychanalyse, t. XLII, n° 5-6, « XXXVIIIe Congrès des psychanalystes de langues romanes », 1978, p. 932-939.

NARCISSIQUEMENT, SÉDUIRE

Au combat avec l’objet, il est un compromis : c’est la relation de séduction narcissique. Celle-ci va prendre, pour la pathologie psycho­tique, la valeur qui est celle de la séduction sexuelle ; réelle ou imaginaire, en pathologie névrotique. Le but de la séduction narcissique est de maintenir dans la sphère narcissique une relation susceptible de déboucher sur une relation d’objet désirante, ou de l’y ramener. On a déjà compris que nous sommes au niveau du narcissisme primaire et non du secondaire.

La séduction narcissique peut s’observer dans le transfert, et se reconstruire dans l’histoire. Commençons par celle-ci. En rapportant la séduction narcissique à ses origines dans la relation mère-enfant précoce, nous attribuerons à la mère l’initiative de cette séduction. C’est un parti commode ; mais il est partial : on est toujours deux dans une séduction ; séduit, l’enfant aime à l’être, et séduit. Soyons néanmoins partial un instant, pour être plus clair.

Entre le bébé et sa mère, dans cette phase improprement appelée symbiotique, s’instaure une fascination mutuelle. Cette fascination narcissique primaire vise à préserver un monde à l’abri des excitations internes et externes, étale, stationnaire et indéfini. (Peut-on dire ici que N = N, Narcisse = Nirvâna ?) Cet ordre narcissique étale est troublé par les absences de la mère et plus encore par l’impact du monde extérieur, par les forces de croissance de l’enfant, et surtout par les pulsions et les désirs : désirs de l’enfant, désirs de la mère pour l’enfant et désirs de la mère pour le père.

Les processus précoces d’identification projective transforment la relation narcissique primaire sous l’influence et au bénéfice des pulsions, de leurs dérivés et de leurs représentations. Mais supposons une mère hostile à ses propres désirs ; toujours attachée à la sienne ; empêtrée dans son Œdipe ; ayant en horreur les désirs libidinaux que l’enfant manifeste, qu’il inspire, et qu’il représente ; et toujours enfin menacée de dépression : il faudra que son enfant la complète ou plus exactement qu’il demeure partie intégrante d’elle-même, au titre d’un organe vital. Cette mère entend donc réinclure l’enfant en elle-même une fois pour toutes : cet enfant narcissiquement séduit doit être comme s’il n’était pas né.

Il ne faut pas qu’il opère cette seconde naissance qu’est la naissance psychique ; il ne faut pas qu’il croisse ; qu’il pense ; qu’il désire ; qu’il rêve.

Il restera pour la mère son rêve incarné : un fétiche vivant. Mais peut-il encore avoir des rêves, celui qui est un rêve ? Pas plus que de rêver, il ne devra penser : la séduction narcissique ne tolère ni le désir ni la pensée, qui sont preuves d’insurrection.

Mais, le contre-investissement des représentations de désir ne suffisant pas, il faudra épuiser les désirs à leur source ; le moyen, bien décrit par Winnicott, consiste à les assouvir avant qu’ils ne soient éprouvés et représentés. Afin d’éviter que l’enfant n’ait désir de boire, et, plus tard, de baiser, il faudra le nourrir sans cesse ; plus tard : l’inceste, dont s’aperçoit déjà la fonction anti-œdipienne ainsi qu’antidépressive : car il s’agit bien là de ne pas perdre cet organe narcissique incarné par l’enfant.

Pour lui, bien évidemment, la séduction narcissique n’a pas de moindres charmes ; qui lui promet de faire avec la mère un Tout omnipotent ; de ne la perdre jamais ; de lutter souverainement contre l’excitation pulsionnelle ; et de radier d’un coup le père et la castration. Aussi bien ne peut-on pas décréter qui commence à séduire qui – ce qui peut rendre indécidable toute question relative aux origines de la psychose (cf. R., 1973-1975). Telle restera d’ailleurs la loi de la relation de séduction narcissique : c’est une relation inversible, les êtres y sont interchangeables, chacun y prenant indifféremment la place de l’autre : la séduction narcissique abolit l’altérité.

Dans le transfert, le patient schizophrène tend à reconstituer la séduction narcissique. Il serait simplement sot de croire qu’il n’y parvient pas du tout ; l’analyste qui ne voudrait nullement se laisser narcissiquement séduire – au double mode actif et passif – fera bien de n’approcher jamais un schizophrène ; et si je caricature à dessein son contre-transfert, ce n’est pas pour dire qu’il s’y abandonne, mais pour préciser la pente où le patient l’attire. Il va insidieusement, et secrètement, se sentir la seule personne au monde capable de comprendre ce patient-là ; il est irremplaçable ; le patient est en lui ; il l’héberge ; aussi bien est-il dans le patient ; ensemble ils forment un monde ; mutuellement ils se créent ; cette « dyade » ne supporte pas l’impact du réel externe, et la seule représentation d’autrui prend figure d’intrusion.

Plusieurs fantasmes associés s’épanouissent dans cette relation singulière. C’est d’abord celui qui transforme tout objet externe, sa représentation confondue avec celle du père, en pur et simple persécuteur. (Freud ne disait-il pas en effet que le réel, c’est le père ?) C’est ensuite celui de la création mutuelle : l’analyste a tendance à se sentir créateur de son malade, et celui-ci créateur de son analyste ; encore une fois, cette création n’admet pas de tiers (tel est peut-être le propre de toute activité créatrice : un peintre peint sans témoin).

C’est enfin le fantasme de l’englobement. On aimerait décrire l’évolution de ce fantasme dans la cure et chez le patient.

Searlès (1961-1965) a fait cette étude du transfert schizophrénique, en distinguant une première phase de symbiose hautement ambivalente, puis, cette ambivalence dissipée par l’analyse, une phase ultérieure de symbiose préambivalente, considérée comme une symbiose vraie et thérapeutique : elle est pacifique, heureuse et non ambivalente.

Le fantasme d’englobement est tout d’abord timide et fragile, non seulement par peur de l’agressivité, mais aussi, chez le malade, par peur de la non-reconnaissance narcissique de lui-même ; l’analyse- de cette double peur sera donc d’une extrême importance.

Le fantasme d’englobement est si puissant qu’il se manifeste également dans le transfert dit institutionnel et que son évolution scande le soin des malades psychotiques, ainsi que je l’ai montré avec Carretier (1972-1974), distinguant dans la trajectoire du soin une phase d’insertion, puis d’appartenance et enfin d’autonomisation – mais on doit préciser que les tendances contraires sont actives à tout moment de la cure et dès son ouverture : proposer au malade une analyse ou psychothérapie, n’est-ce pas déjà lui proposer à la fois d’être en nous, et d’être ailleurs ?

Dans son état purifié, le fantasme d’englobement est à la fois oral, préambivalent et narcissique ; il évoque le retour intra-utérin, qui ne nous informe guère, et la triade orale, consistant à être mangé (avalé) et à dormir après avoir bu (Lewin, 1949) ; plus encore il fait penser à l’importance de la peau, comme contenant unificateur (cf. Moloney, 1957 ; Racamier, 1963 ; Bick, 1968 ; Anzieu, 1974).

Une « galaxie narcissique »

Au sein du couple narcissique, cette sorte de galaxie, non seulement les deux partenaires sont interchangeables, non seulement asexués, mais il y règne la paix infinie des espaces dénués de conflit, d’excitation et d’ambivalence ; la toute-puissance y est à son comble ; l’enfant et la mère, et plus tard le schizophrène et son analyste, y forment ensemble un monde ; ce monde autarcique déteste, repousse et fait refluer les excitations externes tout comme les pulsionnelles ; le réel et le ça en sont des ennemis communs et conjoints : l’excitation, d’où qu’elle vienne, est détestable.

Cette galaxie fait régner un Idéal du moi illimité, une toute-puissance parfaite. La séduction narcissique tend à vouer la psyché au culte et à la culture de l’Idéal du moi, tout comme la mélancolie consacre la psyché à la culture du surmoi, unifié dans une agressivité mortelle. La fascination de l’Idéal du moi draine toute l’énergie disponible, repoussant hors de la psyché, à la façon d’une centrifugeuse, les dérivés pulsionnels, amour et haine d’objet réunis. Toutes les excitations sont repoussées en vertu d’un formidable contre-investissement.

Sur-être est le programme de l’Idéal du moi incarné dans le couple uni par la réduction narcissique. L’extase du sur-être supplante ici le simple plaisir d’être, qui est plaisir du moi.

(Un ami facétieux m’a suggéré d’appeler suridéalantimoi cette instance qu’instaure la fascination narcissique, instance unifiée, suractivation d’un Idéal du moi tourné contre le moi avec toute la violence d’un surmoi disloqué – mais sied-il d’abuser des néologismes ?)

Reste cette évidence : la séduction narcissique jette au loin la double menace de l’ambivalence et de la perte d’objet. La « galaxie narcissique » prendrait-elle corps, aucune perte d’objet n’y serait imaginable. Rappelons-nous que la mère que nous avons imaginée mettant en œuvre la séduction narcissique se défendait ainsi contre une dépression menaçante. N’oublions pas non plus que nous rejoignons, sans surprise, les travaux kleiniens sur la défense paranoïde contre la position dépressive.

Plus et mieux qu’avec les travaux de Kohut (1971) sur le self, il nous faut ici nous reporter aux travaux de Grunberger (réunis en 1971 sur le narcissisme, et de J. Chasseguet (1973) sur l’Idéal du moi ; on ne saurait assez dire ce que leur doit le présent chapitre et l’on doit renoncer à compter sa dette.

Ce qu’on aimerait cependant souligner, c’est que la psyché qui s’engage dans la « galaxie narcissique » va traiter de même manière et le ça et le réel, qui pour elle sont également perturbateurs.

N’ayant pas quitté la schizophrénie, nous sommes ramenés à Freud ; n’a-t-il pas montré que le moi psychotique repousse les dérivés du ça et nie des fragments de réalité ? Nous voici maintenant à même de préciser que la séduction narcissique unit ces deux mouvements dans un seul. Nous ne sommes donc pas surpris de nous souvenir que le ça et le réel font alliance dans l’hallucination, victimes communes du sort que leur réserve la séduction narcissique.

OBJET SCHIZOPHRÉNIEN, PENSÉE SCHIZOPHRÉNIQUE

La relation de séduction narcissique nous laisse apercevoir un objet dont la consistance et la structure sont des plus singulières. On croyait l’objet du schizophrène friable et fragile ; nous découvrons au contraire qu’il est extraordinairement élastique. (L’objet fragile et cassant comme du verre est plutôt celui des prépsychotiques, mais les travaux psychanalytiques font souvent la confusion entre les schizophrènes, que l’on connaît peu, et les prépsychotiques marginaux, que l’on connaît de mieux en mieux.) Conteneur-contenu, gobeur-gobé, séducteur-séduit, dans cette relation essentiellement inversible (où tout est dans tout, et réciproquement), on ne sait plus qui est qui, ni qui fait quoi à qui.

L’objet est élastique afin de n’être pas friable, car l’objet « historique » est fondamentalement dépressif, c’est-à-dire (Nacht et R., 1959) exposé à la dépression, dont il faut le préserver.

Cet objet élastique est un objet auto-érotique, se propageant vers l’extérieur, un peu comme l’amibe vers laquelle s’est tourné Freud, afin d’englober l’objet – qui l’englobe : difficile, bien difficile à concevoir, lorsqu’on se meut comme nous dans un monde mental et relationnel fondé sur la différence des êtres.

L’objet de séduction narcissique est donc plus complexe que le « soibjet » décrit par Kohut (1971) dans les caractères narcissiques.

Est-ce alors un objet de symbiose ?

Il nous faut en passant régler un compte : celui de cette symbiose. S’agissant des schizophrènes, il n’est guère d’auteur qui ne parle ou n’ait parlé de fusion symbiotique (à Searles et moi-même (R., 1956), il faut ajouter : Hill (1953) dont les descriptions sont pertinentes et vivantes ; Arieti (1955, 1968), qui s’est quelque peu perdu dans la régression paléologique ; et bien d’autres encore, sans compter enfin M. Mahler, à qui l’on doit l’étude la plus poussée de la symbiose infantile normale et pathologique).

Une précision, justement, s’impose : il n’y a pas symbiose dans la relation des schizophrènes, mais dyssymbiose. Enfin, et surtout, la symbiose est un concept flou ; il se décompose ; il est à décomposer : c’est à quoi je m’emploie.

Mais si la séduction narcissique bannit les représentations ; si elle est inversible ; si elle est telle que le sens n’a plus de sens, alors et du même coup la pensée ne connaît plus ni limites ni contraires : elle-même devient parfaitement élastique.

Cette consistance caoutchouteuse de la pensée a d’ailleurs été observée chez les schizophrènes et plus encore dans les familles à schizophrènes (Wynne et Singer, 1963) ou chez les mères de psycho­ tiques (Lidz, 1975) ; les précédents auteurs ont fort bien décrit la défense élastique (rubber defence) organisant les rapports de pseudo-mutualité qui règnent au sein des nids à schizophrènes : nul n’est jamais en face de personne, tout le monde est à tout instant absorbable, les contradictions des faits ou des pensées comptent pour rien, étant sans cesse phagocytées ; dans ces milieux très fermés, jamais d’affrontements ni de désaccords ; il est possible d’avoir des idées, affects ou perceptions totalement contradictoires, tout en croyant baigner dans une harmonie complète ; non seulement il est interdit de penser autrement, mais on ne pense pas autrement. La vérité est scandaleuse, comme la loi, pour ce qu’elle résiste aux séductions d’une pensée qui subvertit tout. Chez certaines mères de schizophrènes, le déni des différences entre les êtres, les faits et les pensées est si naturel, si constant et si aisé qu’on doit bien penser qu’il ne demande aucun effort à leur moi.

Une de ces mères avance une certitude ; vous la mettez en contradiction avec ce qu’elle avance ; « Mais oui, répond-elle, c’est ce que je dis » ; point de complaisance dans cette réponse, ni de masochisme intellectuel ; c’est plus grave : comme par une éponge, la contradiction a été bue. Mais soutenez la contradiction, si vous pouvez : aussitôt vous deviendrez un persécuteur. Ici, la vérité est une persécution en soi. Que cette vérité persécutrice s’enfonce comme un coin dans la défense élastique, jusqu’à l’ébranler, et ce sera le délire ou la dépression.

On aurait bien tort de croire que cette pensée élastique soit envahie par le processus primaire ; ce n’est pas la pensée magique. C’est une pensée subvertie. C’est une pensée perversive. On reste étonné et désarmé et l’on est parfois exaspéré par une pensée pareille, qui relève d’une perversion narcissique de l’activité mentale. Voici donc un fait trop peu connu mais fort concevable : il est des structures du penser qui sont perverses. (Depuis que j’ai acquis cette certitude clinique, j’en vois de-ci de-là des exemples discrets qui ne relèvent pas de l’observation des milieux psychotiques.)

Quant aux schizophrènes, on peut concevoir chez eux le cheminement suivant : ils ont souffert de cette perversion du penser ; puis ils l’ont absorbée par identification introjective ; et pour finir, s’ils y arrivent, ils en jouissent à leur tour, ayant eux-mêmes atteint le niveau perversif, mais cessant alors d’être vraiment schizophrènes.

En effet, de même que les schizophrènes adhèrent à la séduction narcissique, mais la refusent, de même ils adoptent et refusent les méthodes de la pensée élastique. Là est bien leur drame – et peut-être aussi leur planche de salut.

UN DEUIL DIFFICILE ET NÉCESSAIRE

S’il est un salut possible à la séduction narcissique, c’est que, même chez les schizophrènes, qui la nourrissent plus que personne, le moi s’y oppose. Car ce ne sont pas seulement les pulsions du ça qui sont perdues à ce jeu, mais y sont perdantes aussi les pulsions du moi.Ces pulsions du moi,Freud les a repérées ; puis il n’en a plus parlé, mais ne les a cependant pas désavouées ; nous y revenons.

Pour montrer comment la relation schizophrénienne de séduction narcissique implique non seulement une structure très particulière de l’objet, mais consubstantiellement une organisation correspondante du penser, nous avons abandonné le transfert schizophrénique, et son complément naturel dans le contre-transfert, au point où la séduction narcissique seule semblait malheureusement réussir.

Mais être schizophrène consiste aussi à repousser l’englobement et la possession narcissiques, meurtrières pour le moi. Une schizophrénie n’est pas une symbiose heureuse. Si glorieuse que puisse être la séduction narcissique, elle est meurtrissante.

Un schizophrène est un être qui lutte pour son moi et pour sa pensée. Le dirai-je : je n’ai jamais rencontré personne pour mener, contre les appels de la séduction narcissique, un combat aussi persévérant, aussi dramatique et aussi émouvant en faveur du moi, du Je, de la pensée, du rêve et du réel.

Mais encore une fois c’est le contre-transfert qui va nous informer sur le transfert.

Il vient toujours, dans la cure d’un schizophrène, après des années de travail, un moment où l’analyste éprouve qu’il le perd. Il fait son deuil du malade. Rien d’aussi fort ne survient avec aucun autre patient. Si averti que l’on soit de cette phase, elle semble toujours nouvelle, et toujours également pénible. Par un paradoxe qui ne saurait nous surprendre, faire le deuil de la possession narcissique du malade équivaut à faire le deuil de sa « guérison ». Lui-même nous y pousse : c’est souvent une phase où il s’engage dans ces formes d’amélioration perversives, qui passent d’abord pour des issues déplorables, mais qui selon mon expérience sont beaucoup plus fréquentes que les évolutions néo-névrotiques si complaisamment invoquées (cf. Pious, 1961 ; Bychowski, 1967). La néo-névrose est le rêve des psychanalystes de schizophrènes ; ce n’est pas pour autant la réalité des schizophrènes.

Ce deuil, nous le savons, c’est un travail. Et ici, c’est précisément le travail qui incombe à l’analyste, pour qu’à son tour le patient lui-même puisse le faire. Y parvient-il, il accède à ce qu’il m’est arrivé d’appeler le regard objectal : regard où passent enfin tant l’amour que la haine de l’objet. Nous nous sommes déjà demandé de quelle perversion la psychose schizophrénique est l’envers. Sans doute pouvons-nous désormais répondre à cette question, ancienne comme les premières découvertes de Freud : la schizophrénie est l’envers d’une perversion narcissique.

Visuel d’ouverture :
Ophélie, O. Redon
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