La Revue Française de Psychanalyse

86-4 Résumés des articles

86-4 Résumés des articles

THÈME : L’ABSENCE

Kalyane Fejtö – Passion de l’absence

RÉSUMÉ – L’élaboration psychique de l’absence, l’ouverture à laquelle la reconnaissance de l’absence peut donner lieu, est un enjeu important de la dynamique transféro-contre-transférentielle. Elle implique que puisse se déployer dans le transfert la passion pour l’objet primaire dont les modes de présence-absence jouent un rôle fondamental dans la constitution du moi. Ainsi, en deçà d’une névrose œdipienne constituée, une fixation à un objet primaire insatisfaisant peut signer la persistance de failles narcissiques susceptibles d’entraver le rapport à la réalité externe et l’ouverture sur le monde objectal. Le choix du dispositif s’avère crucial compte tenu de la manière dont chacun d’entre eux implique un rapport différent à la perception. Nous tâcherons de rendre compte à partir d’un cas clinique du processus d’élaboration de l’absence qui a présidé au passage du face-à-face au divan en passant par les séances à distance imposées durant le confinement.

MOTS-CLÉS – absence, présence, passion, transfert négatif, regard.

Emmanuelle Chervet – Absence à soi-même et absence à l’autre

RÉSUMÉ – L’auteur explore l’absence en tant que qualité d’un objet œdipien, c’est-à-dire partiellement absent d’être occupé par un autre objet. Un tel objet suppose l’accès à une topique dont le surmoi est issu de « deux identifications susceptibles d’être accordées l’une à l’autre de quelque façon ». Les conjonctures cliniques où s’actualise le fantasme de scène primitive sont des occasions privilégiées d’élaboration de cette instance, qui permet l’advenue d’un espace psychique non saturé d’excitation, et où celle-ci peut se lier aux sensations corporelles. C’est dans le mouvement où le sujet se déprend de son inclusion dans ces équivalents de scène primitive que s’ouvre la possibilité de l’investissement d’une pulsionnalité inscrite dans son corps propre. Une situation clinique illustre cette évolution au long cours.

MOTS-CLÉS – absence à soi-même, inachèvement topique, fantasme de scène primitive, élaboration psychique, auto-érotisme, analité.

Gilbert Diatkine – Le rôle du Surmoi dans les séances de psychanalyse

RÉSUMÉ – Après l’épidémie de Covid-19, l’analyse à distance va probablement se généraliser. Elle ne diffère de l’analyse telle qu’on l’avait conduite jusqu’à maintenant que par l’absence des corps du patient et de l’analyste dans la même pièce. Dans l’analyse « normale », cette présence des corps mobilise de part et d’autre des désirs sexuels et agressifs qui sont aussitôt refoulés. Le Surmoi inconscient veille à ce qu’aucune représentation de ces désirs ne fasse retour vers la conscience, jusqu’à ce qu’un rejeton du refoulé suffisamment déguisé échappe à son attention. Cette représentation insolite se détache nettement sur le fond neutre créé par le refoulement. Elle mène à l’interprétation. L’analyse à distance protège l’analyste et le patient de tout risque de réalisation de leurs désirs. Elle relâche donc l’attention inconsciente du Surmoi, et libère la parole du patient. Mais l’analyste doit faire un effort accru d’attention consciente pour interpréter. À côté du Surmoi interdicteur post-œdipien, le surmoi protecteur post-adolescent joue un rôle décisif dans la possibilité pour un patient d’associer librement sans voir le visage de son analyste, en présence ou à distance.

MOTS-CLÉS – attention inconsciente, post-adolescence, surmoi protecteur, séances brèves, analyse à distance.

Jean-Jacques Barreau – La présence de l’analyste et la matérialité du cadre analytique

RÉSUMÉ – Si une des spécificités du dispositif analytique est d’instaurer l’absence à partir d’une présence, c’est à partir de la question de la « présence de l’analyste » comme support de l’absence que j’ai voulu interroger le dispositif de ce que l’on appelle la « psychanalyse à distance ». À partir des modifications portant sur les rapports entre les éléments du complexe perception-hallucination-représentation qui préside aux relations entre la présence et l’absence, j’ai abordé cette « présence de l’analyste » au travers de ce que j’appelle la matérialité sensible du cadre analytique correspondant aux éléments de la réalité de la scène où se déroulent les séances et où viennent se loger les traces du contact perdu avec l’objet. Ce sont ces éléments que le dispositif de la « psychanalyse à distance » remet profondément en cause en supprimant ces pôles d’investissements que sont les traces indicielles de la présence du corps de l’analyste inscrites dans la matérialité du cadre.

MOTS-CLÉS – absence, présence de l’analyste, cadre, psychanalyse à distance, coprésence originaire.

Bernard Chervet – Coexcitation libidinale et travail du manque. Contribution à une réflexion sur le travail psychanalytique à distance

RÉSUMÉ – Toute différence est appréhendée par la perception des réalités tangibles qui la constituent et qui donnent lieu à des représentations et des ressentis, et par une réalité non tangible, le manque, qui ne donne lieu ni à représentation ni à sensation, mais à des éprouvés traumatiques du fait de la connexion de cette perception avec les tendances pulsionnelles extinctives. L’alternance absence-présence induit un tel effet-différence d’où un travail psychique qui transforme l’éveil traumatique en éprouvé de manque. Pour répondre au traumatique, la psyché dispose de la mise en latence et de l’hallucinatoire, ce qui lui permet de rendre absent sans perdre et de rendre présent en l’absence. Ce travail du psychisme parvient en suivant la voie régressive jusqu’à la source pulsionnelle et en réalisant le procès de co-excitation à une régénération libinale des investissements. La libidigenèse est l’après-coup du travail du manque.

MOTS-CLÉS – absence-présence, source pulsionnelle, régression sensuelle, travail d’abstinence, « psychanalyse » à distance.

Laurent Danon-Boileau – Quelles présences pour penser l’absence avant le début ?

RÉSUMÉ – Classiquement, l’organisation de la psyché est rapportée à la maîtrise des pulsions en l’absence de l’objet par investissement hallucinatoire des traces de l’expérience de satisfaction dans des situations de solitude tempérée. Or des observations neurocognitives montrent que le nouveau-né âgé de quelques heures peut pratiquer des jeux d’imitation avec un adulte familier qui n’est pas nécessairement sa mère. L’humain dispose donc dès le début d’aptitudes psychiques de sublimation (ce jeu est à but non sexuel) et d’identification (l’imitation est un précurseur de l’identification) mobilisables toutefois non pas dans la solitude et l’absence, mais dans la présence et la socialité effective. Ceci invite métapsychologiquement à questionner l’image d’un Ça envisagé comme un chaudron contenant des motions pulsionnelles anarchiques et de le penser également comme le creuset d’une dynamique sublimatoire qui opère « toujours déjà à deux » dans un « toujours déjà là ».

MOTS-CLÉS – absence, jeu, présence, neuroscience, nouveau-né, représentation.

Gérard Pirlot – Magritte : la toile, avers de l’absence de reflet du regard maternel

RESUMÉ – Magritte peint la pensée plutôt que ce que voit l’œil, ou alors il s’agit de l’œil qui « voit » dans le rêve. Le regard chez lui se veut regard intérieur, ne cessant de superposer deux réalités, celle réfléchie du psychique et celle irréfléchie du réel. L’auteur étudie la relation entre les thèmes de la peinture de Magritte et l’absence de reflet du regard sans tain d’une mère déprimée qui après plusieurs tentatives se suicida lorsqu’il eut 14 ans. Le possible de sa disparition devint un mirage du présent dans le passé, comme dirait Bergson, ce dont sa peinture rend compte, « surréalisant » le fantasme dans le réel. L’art de nommer ses toiles, plongeant le spectateur dans une perplexité déployant un surplus d’imaginaire, est interprété comme relevant de la place d’un père à l’humour affirmé permettant de « tiercéiser » l’attraction qu’est l’œuvre pour l’artiste qui sinon risquerait d’y disparaître comme dans le miroir sans tain d’une mère suicidaire./p>

MOTS-CLÉS – Magritte, Bergson, création, tiercéisation, trauma, absence.

DOSSIER : FREUD ORGANISE UN CONCOURS

Thierry Bokanowski — 1924, tempête au sein du « Comité secret »

RESUMÉ – Fin 1923, début 1924, deux membres du « Comité secret », Ferenczi et Rank, publient Perspectives de la psychanalyse, essai qui cherchait à répondre à la question posée par Freud en 1922 concernant l’influence de la technique sur la théorie et réciproquement. Rank, de son côté, fait paraître au même moment Le traumatisme de la naissance. Ces deux publications soulèvent de vives critiques et un conflit interne de la part des autres membres du Comité. Les principales raisons de l’hostilité soulevée étaient liées au fait que certaines méthodes théorico-techniques proposées semblaient revenir à l’idée d’abréger la longueur des cures et parmi elles, la « technique active » avancée par Ferenczi. Il pourrait cependant apparaître à la lecture de Perspectives que certaines propositions relevaient d’un désir de pallier l’absence de concepts théoriques concernant la place de l’objet primaire et de ses incidences transférentielles, dont le contre-transfert, dans la pratique analytique.

MOTS-CLÉS – Comité secret, compulsion de répétition, contre-transfert, dissidence, pratique analytique, technique active.

Jean-François Chiantaretto – Les commencements, entre Freud et Ferenczi

RESUMÉ – Après les commencements freudiens, la psychanalyse se re-commence dans le dialogue impossible, créateur et destructeur, de Freud et Ferenczi. Entre eux deux se dessine pour l’ensemble des analystes une scène originaire, mêlant fantasme d’auto-engendrement et fantasme de co-création. Ce dialogue théorique, à jamais inédit, exige d’être reconstruit, pour prendre la mesure, dans nos pratiques cliniques comme dans nos pratiques théoriques, du lien organique entre contre-transfert et métapsychologie – à partir du projet ferenczien d’une « métapsychologie des processus psychiques de l’analyste, au cours de l’analyse ». Avec ce projet, qui convoque la question de l’infans dans l’adulte, il s’agit de prendre en compte le transfert des analystes sur la psychanalyse, en tant qu’il passe par le dialogue intérieur, chez l’analyste, entre ses expériences d’analysant et ses expériences d’analyste – son interlocution interne : la manière dont il se parle en séance, les modalités de l’écoute de son écoute.

MOTS-CLÉS – autoanalyse, contre-transfert, Hilflosigkeit, interlocution interne, métapsychologie, scène originaire.

Nelson Ernesto Coelho Junior – Ferenczi et la variété de l’expérience psychanalytique : Ferenczi serait-il un psychanalyste expérimental ?

RESUMÉ – Cet article se propose d’examiner la variété de l’expérience psychanalytique et l’une de ses origines, à savoir, l’expérimentation clinique et théorique dans l’œuvre de Sándor Ferenczi. Nous partons de sa définition de la psychanalyse comme méthode expérimentale  et de l’affirmation que la psychanalyse serait une psychologie expérimentale  pour essayer de comprendre l’importance de cette conception dans le développement postérieur de la pensée et de la clinique psychanalytiques. En parallèle, nous explorons certains aspects épistémologiques et cliniques qui rendent évidente la contribution du psychanalyste hongrois au développement de la psychanalyse contemporaine. En conclusion, nous cherchons à rapprocher la notion d’expérience psychanalytique à celle de réalité clinique, celle-ci comprise comme le contexte ou la situation où il existe une tension entre réalité psychique (et ses nombreuses expressions) et réalité matérielle ou externe (avec ses différentes formes d’effectivité).

MOTS-CLÉS – Ferenczi, expérience psychanalytique, méthode expérimentale, réalité clinique, épistémologie.

Nicolas Gougoulis – Requiem pour un débat inachevé

RESUMÉ – L’auteur examine l’histoire du concours psychanalytique de 1922, de son échec et de l’impact du rejet par la communauté analytique des auteurs de la seule tentative de réponse. Ferenczi et Rank ont tenté de répondre au souhait de Freud d’articuler les avancées théoriques avec des progrès dans la technique. Leur livre, quoique riche en idées, notamment avec des questions sur la nature du transfert, la place du contre-transfert dans la situation analytique, a été violemment rejeté. Les questions examinées ont elles aussi été mise entre parenthèses pour plus de trente ans. L’unité et la cohérence du mouvement psychanalytique a pu être ainsi préservée au prix d’une rigidification de la technique enseignée au sein de la nouvelle formation psychanalytique. L’auteur propose d’examiner les derniers écrits de Ferenczi comme des épîtres testamentaires, une interrogation adressée à Freud, mais devenant de plus en plus solitaire. La question du concours demeure d’une grande actualité.

MOTS-CLÉS – concours psychanalytique, technique, théorie, contre-transfert, formation analytique, dissidence.

Yves Lugrin – De « la technique active de Freud » à « l’activité de l’analyste »

RESUMÉ — L’auteur lit dans la proposition du concours que fait Freud 1922 la réitération d’une première initiative, la promotion de l’intérêt porté par Ferenczi à « l’activité de l’analyste ». Il différencie la technique active qu’il attribue à Freud et à nul autre et « l’activité de l’analyste » que commence à sonder Ferenczi. L’auteur fait ensuite l’hypothèse que Freud s’inquiète de voir le fidèle freudien qu’est Ferenczi repousser les frontières de la métapsychologie en postulant l’existence d’une patho-hystérie hors-névrose, ce qui logiquement appelle une révision de la pratique analytique. Freud s’inquiète de voir Ferenczi tenté de repenser l’analyse classique à la lumière de son expérience des traumatismes de guerre et de la découverte des travaux de Groddeck. D’où ses initiatives de 1918 et 1922 pour ne pas laisser Ferenczi s’éloigner et s’égarer. L’auteur montre enfin que sous l’inquiétude du père de la psychanalyse se glisse celle de Freud l’analyste… de Ferenczi. La fin tourmentée de cette expérience inédite et sans équivalent éclaire d’un autre jour cette affaire de concours. L’article se clôt sur une question : si en 1922-1924 Freud a manifestement échoué avec les congressistes de Budapest et Berlin aurait-il paradoxalement réussi avec Ferenczi… le seul à répondre à sa question des rapports entre technique et théorie analytiques ?

MOTS-CLÉS – technique active, activité de l’analyste, patho-hystérie, le traumatique, la maladie organique, l’analyse personnelle, la fin de l’analyse.

Johanna Velt — L’enquête de Mady Jeannet-Hasler sur un cold case

RESUMÉ – En 1922, Freud lance un concours sur les rapports entre technique et théorie psychanalytiques, auquel personne ne répondra directement. Rank et Ferenczi publient après la date limite Objectifs de développement de la psychanalyse. Du rapport mutuel entre théorie et pratique, à l’origine d’une vive polémique qui aura des retentissements majeurs sur l’histoire du mouvement analytique. Dans Thérapie contre théorie ? Les enjeux d’un concours (Puf, 2002), Mady Jeannet-Hasler ouvre une enquête approfondie sur cet épisode peu connu des pionniers de la psychanalyse, qui mêle enjeux scientifiques, politiques et passionnels. Elle dénonce vivement, à l’instar de Rank et Ferenczi, combien l’investigation scientifique avait pris le pas sur l’engagement thérapeutique, et montre que, selon elle, certaines de leurs idées (le « revécu » et la remémoration affective, le transfert et la situation analytique) qui furent rejetées à l’époque annonçaient l’évolution de la psychanalyse contemporaine.

MOTS-CLÉS – psychanalyse, histoire, concours 1922, théorie-technique, Rank (Otto), Ferenczi (Sándor).

RUBRIQUES

Théorie de la technique

François Sirois – La géométrie du transfert : une sécante de la psyché dans la cure

RESUMÉ – Le texte propose un panorama du mouvement de la cure psychanalytique en le comparant à la construction de l’œuvre d’art, l’art qui occupe un secteur intermédiaire entre la réalité effective et la réalité psychique. C’est le transfert qui vient occuper cette place dans la cure. La première partie de l’analyse vise à consolider le développement de « l’autre scène » par l’expérience progressive des trois aspects de la réalité psychique : comme réalité de pensée, comme inconscient, comme structure de l’appareil psychique. Ces aspects se développent dans le transfert à travers le prisme de certaines formations transférentielles qui apparaissent dans la phase médiane, comme le rêve de séance et le symptôme de transfert. Ces deux formations sont comme des concrétions du secteur intermédiaire, posées comme indices de l’approfondissement de l’analyse. Bien que ces formations aient été identifiées depuis longtemps, elles sont discutées en regard des méconnaissances dont elles ont fait l’objet, notamment dans l’appréciation des éléments de réalité dans la figuration onirique et dans l’agir comme investissement du cadre analytique. La névrose de transfert, comme néo-réalité, est comparée dans une métaphore géométrique à une trisection de l’angle, celle du fonctionnement de la psyché naviguant entre réalité effective et réalité psychique, un peu à la manière de la place de l’art dans la vie ; l’art étant abouché à ces deux réalités.

MOTS-CLÉS – réalité psychique, transfert, rêve de séance, symptôme de transfert, processus analytique.

Psychanalyse et société

Julie Augoyard – L’énigme du sexuel et du parental à l’épreuve du « roc de l’Infantile » : des changements épistémologiques qui défient les paradigmes de la psychanalyse

RESUMÉ – Les nouvelles configurations relatives au sexuel et au parental nous amènent à questionner et à déconstruire (au sens de Derrida) nos modèles théoriques. Depuis Freud, les présupposés théoriques sur le féminin et le masculin, le maternel et le paternel, ont fait l’objet de maintes interrogations à l’aune des changements culturels et sociaux que les progrès technologiques, notamment, ont entraînés. Les questions d’identité sexuelle et de genre associées à celles des nouvelles formes de parentalité ramènent au cœur de la réflexion sur le sexuel et le parental la notion psychanalytique et anthropologique de la différence des sexes ; elles la déplacent vers le caractère énigmatique des différences, dont le féminin seul pourrait bien ne plus représenter aujourd’hui la butée, le roc. L’épistèmê de la psychanalyse semble suivre une voie régrédiente que Freud lui-même a suivi : l’Infantile est peut-être le socle résistant, la butée et le creuset des mouvements psychiques oscillatoires sur lesquels continuer d’étayer notre pensée psychanalytique.

MOTS-CLÉS – sexuel et parental, catégorisations, déconstruction, énigme des différences, roc de l’Infantile.

Histoire des idées en psychanalyse

Florian Houssier — Le souvenir-écran, ou la place de l’adolescence dans les débuts de la psychanalyse

RESUMÉ – Dans la définition actuelle du souvenir-écran, les fantasmes ou affects source de refoulement restent arrimés à des expériences infantiles. Malgré certaines incises dans l’œuvre de Freud mettant en exergue le rôle de l’adolescence, cette conception qui revisite des souvenirs posthumes réactualisés à l’adolescence est restée la représentation usuelle du concept, suivant la centration sur la fonction essentielle de la sexualité infantile dans l’œuvre de Freud. L’articulation entre l’infantile et le pubertaire insiste pourtant dans certains pans de l’œuvre freudienne : malgré deux occurrences significatives en 1899 et 1900, un aspect de la théorisation de Freud reste souvent oublié : ce ne sont pas seulement les éléments historiques du passé infantile qui sont « recouverts » par l’écran du souvenir doucereux, mais également des fantasmes et événements pubertaires qui s’esquivent pour mieux venir se loger dans un souvenir d’enfance faisant écran.

MOTS-CLÉS – Souvenir-écran, adolescence, fantasme de viol, mouvement biographico-théorique, histoire de la psychanalyse.