La Revue Française de Psychanalyse

86-5 Résumés des articles

86-5 Résumés des articles

THÈME : L’OBJET, L’AUTRE

Josiane Chambrier–Slama – Les objets du lien. Objet analytique, objet-analyste

RÉSUMÉ – La fréquence des organisations non-névrotiques est-elle en rapport avec les bouleversements actuels dans le monde social et culturel ? Partant du constat d’un processus psychique négativant l’intériorité, source de difficultés dans la relation à leurs objets, l’auteur décrit ce qui s’oppose à la mise en place d’un objet analytique dans divers cadres. L’hypothèse d’une déliaison subjectale du moi (Green) qui conjure l’objet du besoin explique la situation de détresse au cours de laquelle le paradoxe défensif, limitant l’efficace des représentations langagières, peut être contourné par un agir du sujet analyste.

MOTS-CLÉS – organisations non-névrotiques, objet analytique, pensée clinique de l’analyste, fantasme de déliaison subjectale, don, lien.

Brigitte Éoche-Duval – L’altérité de l’objet

RÉSUMÉ – À l’origine des mouvements de psychisation, l’altérité de l’objet vient complexifier le processus d’objectalisation opéré par le transfert analytique, lui assignant sa part d’énigme et de pulsionnalité inextinguible. Si la liaison par Éros parvient à s’imposer, c’est en laissant des résidus inconscients dont la force pulsionnelle de déliaison fera attraction/séduction et dont le langage verbal / infra verbal en permettra la reliaison et mise en représentance.

MOTS-CLÉS – altérité, objectalisation, séduction, pulsionnalité, inextinguibilité.

Jean-Yves Tamet – Émergences de l’objet

RÉSUMÉ – La démarche vise à rendre palpable la perception des effets en séance des objets, qui, depuis le transfert, s’invitent avant de pouvoir être nommés. « Deviner » précède « construire » et « interpréter ». Dans la temporalité du ici et maintenant, la conséquence précède la cause : l’objet conduit à la pulsion qui, elle-même, construit l’objet. Trajectoire singulière, souvent faite de rendez-vous manqués, qui mobilise le travail psychique de l’analyste. Ainsi, les objets qui émergent dans la cure sont-ils le produit d’une reconstruction in situ qu’on ne connaît qu’à la fin. Pourtant, ces mêmes objets constituent les fondements sur lesquels s’appuie le déploiement progressif des interprétations. Ainsi l’objet est-il une création de l’analyste depuis la construction : inscrit dans les mémoires, l’objet est soumis à un travail fictionnel pour atteindre la visibilité en s’extrayant de ses racines œdipiennes soumises à l’écueil d’attirances mélancoliques.

MOTS-CLÉS – objet, transfert, émergence, interprétation, histoire, récit.

Sylvie Pons-Nicolas – Suivre l’objet à la trace…

RÉSUMÉ – En mettant l’accent sur l’émergence de ce qu’il appelle l’objet de la séance, Jean-Yves Tamet ouvre tout un champ de réflexion autour de la potentialité représentative de la cure et dans la cure. C’est l’axe qu’a choisi de suivre l’auteure, à partir de la clinique présentée et d’un certain nombre de questions qui parcourent le rapport. Quel est le destin des traces psychiques de l’objet ? De quelle transformation dans le fonctionnement du sujet, l’apparition de l’objet de la séance est-elle l’indice ? Comment montrer ce qui en chaque cure rend visibles ces obscurs objets du désir qui, tapis dans un lieu vibrant d’où ils ne cessent de se faire entendre, hantent la psyché ? Quelle est la fonction interne de l’écriture dont l’auteur du rapport fait un outil ?

MOTS-CLÉS – objet, trace, figuration, écriture, construction.

Jacqueline Schaeffer – Figures de l’autre et émergence de l’objet

RESUMÉ – Le texte explore le passage d’un processus d’altérité à celui d’objectalisation, au cours du développement pulsionnel, de la sexualité et de la différence des sexes. S’y rencontrent quatre « figures de l’autre », qui génèrent des effets de choc, en lien avec la différence des sexes, qui obligent à des réorganisations de la perception du monde, à des remaniements pulsionnels, et qui participent à la création de l’objet et des objets. Le double retournement et le travail du négatif sont à l’œuvre.

MOTS-CLÉS – figures de l’autre, objectalisation, effet de choc, vision du monde, double retournement, travail du négatif.

Régine Prat – Dès l’origine, l’objet et l’autre indissociables : tact-pulsion

RESUMÉ – Le premier organe sensoriel fonctionnel dans le développement embryologique est le toucher : à partir du contact-peau, une forme première s’inscrit dans le modèle du tenu-lâché et joue un rôle de premier organisateur du psychisme. La proposition d’une pulsion originaire à toucher, « tact-pulsion », définit une mémoire de forme qui reste opérante tout au long de notre vie et constitue le soubassement du développement du processus pulsionnel.

MOTS-CLÉS – inter/intrasubjectif, prénatal, pulsion, tact, tendresse.

Hélène Suarez-Labat – Le fond et les formes d’investissements du choix d’objet chez l’enfant et l’adolescent

RESUMÉ — L’investissement du choix d’objet chez l’enfant et l’adolescent est présenté dans cet article à partir du fond d’investissement narcissique et objectal du lien avec l’objet ainsi que les différentes formes qu’il revêt au fil de la construction psychique. Les destins de ces investissements sont abordés à partir de l’investissement de l’image motrice, premiers mouvements identificatoires qui avec l’imitation constituent les premiers ancrages de l’identification et des choix d’objets. Deux vignettes cliniques illustrent la nature de ces assemblages pulsionnels et leurs liens avec la relation à l’objet.

MOTS-CLÉS – choix d’objet, investissement, image motrice, identifications, imitation, enfant, adolescent.

Jean-H. Guegan — L’objet et son incarnation

RESUMÉ – À propos de deux cas cliniques évoquant d’une part la perte de l’objet, d’autre part, son effacement, sont abordés les mécanismes fondamentaux de construction et de genèse de la psyché.

MOTS-CLÉS – objet perdu, objet effacé, signifiant.

Ruggero Lévy – L’objet, l’autre – le choix de l’objet à l’adolescence

RESUMÉ – Le présent article étudie le choix de l’objet à l’adolescence, en particulier du point de vue de la théorie des relations entre objets. L’auteur mentionne, à travers un tour rapide, quelques contributions pertinentes de Klein, Bion, Winnicott et Meltzer au thème du rôle et des fonctions de l’objet dans le développement du sujet. Il illustre à travers un cas clinique les refuges narcissiques qui peuvent se produire à l’adolescence, à partir de la théorie meltzérienne de la vie au cloître, comme défense contre les angoisses primitives qui émergent à cette période. Le cas clinique montre principalement, à la fin d’un processus analytique, le fantasme de quitter le cloître pour faire des identifications plus créatives avec les objets originaux.

MOTS-CLÉS – choix d’objet, adolescence, identification projective intrusive, technique psychanalytique avec les adolescents.

Louis Brunet – L’objet, les pulsions et le surmoi

RESUMÉ – Le texte propose une différenciation entre le surmoi, le moi idéal et l’idéal du moi, dont on peut trouver des traces dans le développement théorique freudien. Le texte propose que les identifications œdipiennes ne créent pas le surmoi, mais permettent un processus symboligène qui transformera les précurseurs surmoïques mortifères en structures régulatrices.

MOTS-CLÉS – Surmoi, Idéal du moi, Moi idéal, objet transformateur.

Mechtild Dahinden — « But crazy has places to hide in But crazy has places to hide in that are deeper than any goodbye »

RESUMÉ – Le surmoi de 1923 est le précipité de la reconnaissance de l’altérité de l’autre. La condition est d’avoir été soi-même reconnu comme autre, avec ses propres besoins, son propre amour et sa propre haine. La reconnaissance de l’altérité de l’autre présuppose des séparations préalables et cette histoire s’accompagne d’une appropriation subjective de la pulsion. Si les liaisons sous forme de représentations ne réussissent pas, il ne reste que la relation sadomasochiste entre le surmoi et le moi, qui doit absorber l’excitation traumatique. Et le surmoi se transmet d’une génération à l’autre.

MOTS-CLÉS – surmoi, séparation, identification, liaison.

Dominique Cupa – Objet analytique, objet analyste et objet transitionnel

RESUMÉ – Ce travail est une reprise à la suite de J. Chambrier-Slama de la conceptualisation de l’objet analytique et de l’objet analyste. Après Green, l’auteure avance que dans l’alliance thérapeutique le double du patient et le double de l’analyste créent l’objet analytique. Celui-ci n’est ni interne ni externe aux deux protagonistes, il est entre eux. Il répond à la définition de l’objet transitionnel selon Winnicott.

MOTS-CLÉS – objet analytique, objet analyste, objet transitionnel, cas difficile.

Isabelle Martin-Kamieniak – Y a-t-il un objet du jeu chez l’enfant ?

RESUMÉ – Si l’on considère l’objet du jeu comme une métaphore de l’investissement, sa construction progressive répond à la construction simultanée de l’objet interne. Ce qui interroge, entre Winnicott et Freud, le trajet entre l’objectivement perçu et le subjectivement conçu, de l’objet transitionnel à la bobine, comme les fonctions de l’objet maternel primaire dans la constitution d’un pare-excitation propre qui s’appuie sur les mouvements de désexualisation/resexualisation des soins maternels portés par l’inhibition quant au but.

MOTS-CLÉS – objet externe/interne, transitionnalité, désexualisation, inhibition quant au but, masochisme primaire.

Philippe Valon – Corps étranger, corps vivant, corps érotique dans les psychoses

RESUMÉ – À objet corps, objet érotique, on préférera corps érotique. À l’aide des travaux de Joyce McDougall et de Gisela Pankow, il s’agira ici de décrire le trajet difficile avec certains patients pour que le corps, d’objet externe plus ou moins haï, devienne corps érotique. Un cas clinique de psychodrame illustrera cette évolution.

MOTS-CLÉS – corps, corps érotique, psychodrame psychanalytique.

Hélène Do Ich — Jouer pour sortir de l’indifférence et exister

RESUMÉ – De Freud à Winnicott en passant par le cinéaste Luc Dardenne, nous approchons comment un destin peut se figer et l’indifférence, la pulsion de mort, régner. Le jeu au psychodrame, comme l’associativité en analyse, permet de laisser émerger dans le transfert ce qui a entravé la manière singulière d’être au monde de l’infans ; l’être humain peut sortir de l’indifférence, retrouver le plaisir de jouer, de vivre, en tenant compte de l’autre, par une expérience analytique ou culturelle.

MOTS-CLÉS – psychodrame, souvenir-écran, identification, déplacement, pulsion de mort, plaisir.

Conceiçao Tavares de Almeida – L’Enfer d’être privé de l’Autre

RESUMÉ – Ma présence à Paris au cadre de la clôture des activités scientifiques de l’APF et du 82e CPLF, fut l’occasion de réfléchir aux questions liées à l’expansion du cadre de la cure à des dimensions de l’intersubjectivité en tant que construction d’un tiers. Les défis pour la psychanalyse contemporaine comportent l’intégration des modèles pulsionnelle et relationnelle, où le développement de la technique permet, au sein du travail analytique, découverte et création d’objet tiers.

MOTS-CLÉS – objet, Autre, tiers, psychanalyse contemporaine.

Yannick Milleur – La structure intime de l’objet : d’une anatomie corporelle… l’autre

RESUMÉ – Les rapporteurs du 82ème CPLF ont souligné un foisonnement des théories sur l’objet, qui donne une vision éclatée de cette notion. L’auteur propose la possibilité d’unifier cette constellation en dépeignant une structure intime de l’objet, constituée en double de la structure corporelle, en millefeuille ou spectre protéiforme. Cette véritable anatomie de l’objet se subdivise en plans ramifiés entre eux au sein du tissu psychique, dont la vascularisation par les sources de libido originaire, donne à l’objet sa teneur hallucinatoire de vérité historique, ainsi que la conviction en son existence propre. Cette unification objectale rend accessible la dimension de l’autre comme sujet.

MOTS-CLÉS – objet, structure de l’objet, corps, empathie, construction, conviction.

Guy Cabrol – Le Nebenmensch, cet objet primordial

RESUMÉ – Ce texte essaie d’interroger les effets des signifiants théoriques – tels objet, autre – sur le processus analytique au nom de nos idéaux de transformation. Les effets de transfert et de contre-transfert sur la parole s’imprègnent de l’histoire de la langue à notre insu. L’écart entre la séance, son récit et sa théorisation reste problématique. Le Nebenmensch, un germanisme intraduisible de Freud (1895), tel un revenant, un survivant peut en être le paradigme dans sa traversée de l’Histoire et de l’histoire psychanalytique, témoin de la langue et de l’humain, das Mensch. Le Nebenmensch, cet autre, pourrait-il représenter la métaphore des conditions éthiques du contre-transfert de base, préconditions de la situation analytique et de ses aléas ?

MOTS-CLÉS – Nebenmensch, objet, autre, humain, éthique.

Anouk Meurrens – La vérité ou une belle histoire

RESUMÉ – Jonas craignait que son talent pour raconter des histoires ne l’empêche d’accéder à la vérité. Regardons à travers ce récit comment l’accès aux sources, à la vérité, ne peut être possible sans un détour par le langage, par la fiction, par l’art, et surtout par la rencontre avec l’autre. Tous ces éléments, aussi imparfaits qu’ils sont riches, teinteront l’objet perdu de leurs propres couleurs tout en permettant sa mise en lumière. L’article interroge la tiercéité du langage et de la narration, étant à la fois les lieux de la rencontre et de la créativité, permettant l’émergence des objets, ou leur travestissement. La forme particulière de présence-absence de l’analyste jouera un rôle essentiel dans la réussite de ce processus. Enfin l’article interroge la possibilité d’un tel processus hors d’un lieu réel commun, dans le cadre de séances à distance.

MOTS-CLÉS – vérité, fiction, langage, objet psychanalytique, don d’absence.

Brindusa Orasanu – Distance psychique, figuration et langage

RESUMÉ – L’auteure souligne la notion de M. Bouvet de distance à l’objet, en l’utilisant par rapport au cas « Mme S. » de J.-Y. Tamet et à un fragment de sa propre clinique. Elle propose des connexions avec l’approche d’A. Green sur le processus affectif et le détour par l’objet, tout comme avec celle de M. de M’Uzan sur le continuum de la capacité de métaphorisation. L’article aborde également une prise en considération de l’humain dans la définition de la méthode psychanalytique.

MOTS-CLÉS – distance à l’objet, langage, métaphorisation, humain, méthode psychanalytique.

Jérôme Glas – L’objet économique posthume, un objet sans deuil

RESUMÉ – L’auteur expose les modalités d’émergence d’un objet spécifique de séance nommé objet économique posthume. Si, par suite d’un agencement spécifique des modalités d’indentification hystérique primaire en lien au avatars idiosyncratiques du fonctionnement psychique du couple parental, la processualité psychique du sujet se trouve amenée à se déployer sous l’empire de l’Idéal du moi en lieu et place du Surmoi, une modalité spécifique d’organisation psychique sera amenée à voir le jour. Dans celle-ci, le procès d’endeuillement de l’objet propre au surmoi sera mis hors-jeu. Il en découle un fonctionnement psychique sous l’égide de l’Idéal du moi, instance de perfection ascétique désexualisée. Se constitue alors un objet économique posthume ayant perdu toute caractéristique d’objet de l’objectalité, pour ne plus être qu’un objet purement économique dont même la représentation, Vorstellung, reflue pour ne laisser place qu’à une présentation, une Darstellung, reliquaire d’une représentation abandonnée, pure présentation économique de la pulsion.

MOTS-CLÉS – objet, économique, posthume, idéal du moi, ascétisme, deuil.

Bernard Chervet – Objet attracteur et identification fondatrice. À propos de l’impératif à faire exister

RESUMÉ – En séance, comme dans l’enfance, se conjuguent une quête d’identification au psychisme d’un autre et un appel à s’identifier à un modèle de fonctionnement idéal. L’installation des processus psychiques se fonde sur une activité anticipatrice qui souligne le manque à être idéal et sollicite le travail d’appropriation. Cette identification se fait sous l’égide d’un impératif à faire exister qui s’oppose aux tendances pulsionnelles extinctives. L’objet de l’objectalité naît d’un tel renoncement à l’extinction. Il se définit par ses singularités et par le fait qu’il reste un autre support de manque. La constellation ternaire, pulsion-objet-surmoi peut être l’objet d’une esquive au profit de théories régressives binaires, pulsion-objet, mettant l’objet en lieu et place de l’instance surmoïque.

MOTS-CLÉS – objet, anticipation, identification, impératif à faire exister, travail d’abstinence, analyse à distance.

Martin Joubert – Un rêve pour deux ; rêver à deux

RESUMÉ – La Schéhérazade de J. Chambrier-Slama nous confronte à deux aspects contraires du contre-transfert. L’un, associativité préconsciente de l’analyste en séance, se situe dans le champ de la représentation. L’autre, échappant à tout contrôle, se manifeste par le biais de l’inconscient de l’analyste utilisé directement par celui de son patient, hors représentation et langage. Phénomène limite d’un trouble des frontières où se dissolvent les identités, il trouve un point de convergence et de jonction avec le préconscient par le rêve de l’analyste, première mise en forme, souvent, d’un irreprésenté chez son patient.

MOTS-CLÉS – contre-transfert, figuration, symbolisation, irreprésentable, rêve.

Guy Lavallée – L’objet cet inconnu

RESUMÉ – Après avoir rappelé les sources théorico-cliniques greeniennes de Josiane Chambrier-Slama, l’auteur propose d’y apporter sa contribution selon deux axes, d’abord objectalisation et pulsion de vie, puis désobjectalisation et entropie. Cette dernière configuration est illustrée par un patient qui n’a pu tisser essentiellement que des liens négatifs avec ses objets. Cette négativité est intelligible et analysable dès qu’on en admet les logiques.

MOTS-CLÉS – Objectalisation, désobjectalisation, pulsion de vie, entropie, liens négatifs, patient non névrotique.

Luca Quagelli – Sensorialité et émergence de l’objet

RESUMÉ – Dans cet article, l’auteur prend appui sur le matériel clinique issu de la rencontre avec une jeune fille autiste pour illustrer l’importance du travail de liaison de l’analyste. Celui-ci opère à partir de la sensorialité vécue en séance, afin de construire une limite structurante entre dedans et dehors, qui permette aux patients d’accéder à l’univers des relations d’objet.

MOTS-CLÉS – sensorialité, objet, contre-transfert, indifférenciation, présence d’arrière-plan.

Philippe Jaeger – « Vivre une expérience ensemble », un nouveau paradigme

RESUMÉ – La régression à la dépendance à l’objet dans le transfert, jusqu’à l’identification primaire comme fait d’expérience concerne les cas non névrotiques présentant des dissociations fondamentales. « Vivre une expérience ensemble » (Winnicott, 1945) comme nouveau paradigme de la psychanalyse après Freud. Alternent des phases de régression à l’unité individu-environnement permettant le dégel de la carence initiale et des phases de transfert dans l’aire de jeu de la névrose de transfert analysable.

MOTS-CLÉS – régression dans la dépendance, identification primaire, dissociations, paradigme.

Saskia von Overbeck Ottino – Le malaise dans le culturel et dans la psychanalyse, une perspective ethnopsychanalytique

RESUMÉ – Face à la tendance croissante des psychanalystes à dénoncer un malaise dans la culture et dans la psychanalyse, l’auteur émet l’hypothèse que la rencontre intergénérationnelle peut être la source de sentiments d’étrangeté analogues à ceux générés par la rencontre interculturelle. Cette confrontation à un étrange générationnel peut susciter des mouvements contre-transférentiels en lien avec des expériences de type inquiétante étrangeté et expliquer un discours souvent défaitiste et projectif sur les développements sociaux et la génération en devenir.

MOTS-CLÉS – ethnopsychanalyse, contre-transfert culturel, rencontre intergénérationnelle.

Élisabeth Ravet Cialdella – Les petits objets bizarres et étranges venus du ça

RESUMÉ – Le thème de la bizarrerie a non seulement intéressé les psychiatres aliénistes du XIXe siècle, mais aussi Freud dès L’Interprétation des rêves. Mais le concept d’objet bizarre a été décrit par Bion, issu d’une haine profonde de la réalité. À la même période, Winnicott s’est aussi penché sur celle-ci, et a élaboré la notion d’ego-alien ou de moi-autre associé au surgissement brutal d’un élément inconscient détruisant le moi. À leur origine existe une pulsion d’emprise d’un Autre terrifiant dans l’inconscient. Les travaux de Guy Rosolato autour des signifiants de démarcation rejoignent les recherches de Bion et de Winnicott.

MOTS-CLÉS – objet bizarre, ego-alien, Bion Winnicott, signifiants de démarcation, Rosolato.

Vassilis Kapsambelis – L’objet bizarre, entre perception et hallucination

RESUMÉ – L’objet bizarre apparaît comme un élément perceptif qui n’a pas été investi au sens de l’hallucination primitive. L’appropriation d’un objet relève de la conjonction d’une hallucination (au sens primitif), d’une hallucination négative qui élimine ce qui de l’objet n’entre pas dans les buts de la pulsion, et d’une reconnaissance de l’investissement de l’objet à notre égard, qui signe son altérité. Les hallucinations cliniques traduisent différents dysfonctionnements de la fonction d’hallucination négative.

MOTS-CLÉS – perception, hallucination primitive, hallucination clinique, hallucination négative, objet bizarre.

Aline Cohen de Lara – L’effacement de l’analyste

RESUMÉ – Fixer un terme à l’analyse peut être un outil thérapeutique avec de jeunes adultes et ce d’autant plus que ce terme est décidé par eux. Pour que ce choix soit assumé, même si l’analyste peut penser que la cure n’est pas terminée, il lui faut consentir à s’effacer, par un travail de renoncement sans désinvestissement du patient. Une situation clinique et des passages de l’œuvre de Vassili Grossman autour du lien maternel illustrent le propos.

MOTS-CLÉS – effacement, silence, jeunes adultes, objet perdu, fin d’analyse.

Jean-Nicolas Diatkine – La musique existe-t-elle ?

RÉSUMÉ – La musique est un objet qui échappe aux mots et aux concepts d’existence comme de non-existence. Est-il possible d’en maîtriser les aspects les plus vivants en s’appuyant seulement sur des partitions déjà écrites et donc par essence, immuables ? L’écoute est l’ouverture d’un plus grand Soi, une ouverture où naît le désir de trouver par les sons une résonance avec le monde, dans une résolution concentrée sur l’instant présent.

MOTS-CLÉS – musique, piano, silence, bouddhisme.

Marc Jimenez – L’obsolescence programmée du langage

RÉSUMÉ – À la fin du XIXe siècle, Friedrich Nietzsche dénonce avec virulence l’indigence de la communication langagière. Il n’entend pas éradiquer le langage, mais prétend lui substituer une « nouvelle lyre » capable de transfigurer esthétiquement le monde et la vie. Une lecture inversée d’Ainsi parlait Zarathoustra pourrait toutefois faire apparaître le poème philosophique de Nietzsche comme une inquiétante dystopie où le surhumain, créé par le philosophe dans le but de surmonter le nihilisme, prend la forme d’un transhumanisme hypertechnologique imprévisible.

MOTS-CLÉS – langage, intelligence artificielle (IA), numérique, violence, Nietzsche.