La Revue Française de Psychanalyse

87-2 Résumés des articles

87-2 Résumés des articles

THÈME : NÉGATION

Horizons

Thierry Bokanowski – Le « je… ne… pas… » Dénégation (Die Verneinung) et clinique contemporaine

RÉSUMÉ – Toute la clinique contemporaine se trouve mobilisée par les questions qui intéressent les échecs de certains traitements psychanalytiques (cas limites ou non névrotiques). Ceux-ci font apparaître une logique du fonctionnement de type négativante du fait que l’emploi de la négation change radicalement de sens, car elle ne réfère plus au sens latent du positif. La négativation se situe dès lors au centre de fonctionnements psychiques obstinément rebelles aux changements. L’auteur se propose de rappeler que lorsque des expressions négativantes telles qu’un « je ne sais pas… » (déni), « je ne me rappelle pas… » (mémoire amnésique), « je ne comprends pas… » (désaveu), apparaissent dans le discours du patient, ceci après que l’analyste aura pu intervenir de manière vécue comme décondensante, elles témoignent d’une négativité liée à l’évacuation par le patient des émotions mobilisées par l’intervention et reviennent à dire : « J’entends bien ce que vous dites. Vous pouvez avoir raison, mais cela ne signifie rien pour moi. ». Dit autrement : « cela n’a pas de sens pour moi. »

MOTS-CLÉS – haine, haine de soi, négativité, négativation, réaction thérapeutique négative, transfert négatif, transfert négativant destructeur.

Simone Korff-Sausse – « Ceci n’est pas une pipe »

RÉSUMÉ – L’auteure se propose d’explorer la notion de négation en tant que source de la créativité artistique. Il s’agit de lire le texte de Freud en regardant les œuvres de certains artistes (Magritte, Beckett) sur la négation, en particulier en remettant en question l’opposition binaire entre négation et affirmation. Les œuvres de ces artistes produisent des oxymores qui échappent à un jugement qui décide (Freud), mais laissent la décision en suspens, de savoir si c’est vrai ou si c’est faux. Ainsi pour Magritte, la négation « ceci n’est pas une pipe » n’amène pas à l’affirmation « ceci est une pipe ». La référence théorique de l’auteure est W. R. Bion, dont le modèle de l’appareil psychique peut rendre compte de ces processus. La « capacité négative » est une forme de négation, mais qui ouvre un champ de transformations, qui sont la source des créations artistiques, ce dont la rencontre analytique de Beckett et de Bion donne une illustration.

MOTS-CLÉS – négation, Magritte, Bion, Beckett, création artistique.

Laurent Danon-Boileau – Quelques remarques cursives sur l’article de la (Dé) négation de Freud et la valeur anti-traumatique de la négation

RÉSUMÉ – On envisage ici le lien entre négation linguistique et l’opération psychique de négation décrite par Freud dans l’article qu’il lui consacre. La négation linguistique est un tour qui permet le retour du refoulé comme de l’impensé corporel. Il conjugue le refus au constat d’absence et permet au sujet d’énoncer un jugement qu’il ne prend toutefois pas à son compte. On y souligne également l’infléchissement que Freud fait subir aux notions classiques de jugement d’existence et de jugement d’attribution et ce qu’il en résulte pour une théorie de la prise en compte du monde par la psyché.

MOTS-CLÉS – constat d’absence, linguistique, discordanciel, forclusif, négation, refus.

Jean-François Aenishanslin – La divergence. La négation chez Brentano, Jerusalem et Freud

RÉSUMÉ – On sait généralement que Freud, durant ses études, suivit avec attention les cours et les séminaires de Franz Brentano. On est souvent plus perplexe quant aux éventuelles traces que cet enseignement aurait laissées dans son œuvre. Lorsqu’il détruisit son archive de jeunesse, Freud s’amusa par avance de l’embarras de ses « futurs biographes ». Un indice fut toutefois préservé, accidentellement, dissimulé dans une lettre à Fliess. Freud y évoque un livre qui l’avait fait « beaucoup progresser ». Il s’agit de La fonction de jugement, de Wilhelm Jerusalem, un philosophe qui jouissait d’une certaine reconnaissance à Vienne au début du XXe siècle. Le présent article tente de montrer comment cet opuscule méconnu constitue un intermédiaire décisif entre l’enseignement reçu de Brentano et la psychanalyse. C’est dans le sillage de la critique que Jerusalem y développait de la philosophie brentanienne que Freud esquissa en effet son Projet d’une psychologie, avant de s’engager dans le long texte de la psychanalyse. C’est cette doctrine du jugement qui se verrait encore réélaborée dans « La négation ».

MOTS-CLÉS – haine, amour, perte, guerre, deuil, paranoïa.

Marie-Laure Léandri – Haïr son sexe : « Manger avec les lèvres de la mort »

RESUMÉ – Haïr comme acte convoque l’objet : l’auteur fait l’hypothèse que haïr son propre sexe peut constituer un palier d’organisation en dernier recours face à des désorganisations identitaires majeures, maintenant ainsi un objet qui vectorise coûte que coûte la pulsion et maintient un fonctionnement psychique objectal. Le sexe du sujet peut devenir cet objet extérieur haï que Freud étudie dans Pulsions et destins des pulsions, et différentes cliniques éclairent cette proposition. L’adolescence est un moment particulièrement propice à haïr son propre sexe, lieu de fixation par excellence du conflit identification/identité. Les conduites d’automutilations, de scarifications, sont analysées à l’aune de cette haine de son sexe, entendues comme des mortifications en lien avec la problématique du deuil. Dans cette perspective de l’enjeu réorganisateur de l’acte de haïr, on ne peut que différencier absolument haïr et détruire.

MOTS-CLÉS – Brentano, Jerusalem, philosophie, logique, jugement, négation.

Catherine Matha – « Dépenser pour ne pas penser ». Masochisme et négation dans la pensée

RESUMÉ – L’activité de penser travaille avec et contre le négatif. L’auteur interroge la valeur paradoxale de l’évitement des pensées dans le penser : à la fois mesure protectrice et aménagement délétère, auxquels prend part le masochisme dans ses différentes acceptions. Sont interrogés : la fonction pare-excitation de cette dynamique en regard de la menace d’un contact potentiellement traumatique avec/entre des pensées ; la passivité que traduirait une forme de soumission consentie à la pensée de l’autre ou les angoisses de dépossession ; la place du « sentiment inconscient de culpabilité », lié à une dette inacquittable, susceptible de stériliser l’activité de penser et de produire des ravages dans la vie psychique d’un sujet confronté à l’incompréhension de ce qui l’empêche de vivre.

MOTS-CLÉS – négation, masochisme, activité de penser, évitement phobique, douleur.

En séance

Sabina Lambertucci-Mann – Une double négation

RESUMÉ — L’énonciation d’une double négation inaugure la reprise d’un deuxième temps d’une cure après une interruption décidée par la patiente. Cette formulation surprend l’analyste qui, dans un temps second, s’étaye sur « La négation ». Cet appel au père de la psychanalyse a permis de tiercéiser des mouvements transféro-contre-transférentiels particulièrement intenses. Par des allers-retours entre les deux temps de l’analyse, l’auteure évoque une première période marquée par la difficulté de la patiente à se souvenir et à accomplir le travail de deuil lié à la perte de sa mère ; une période de latence, caractérisée par l’interruption du traitement, véritable agir de transfert, a permis à la patiente d’assumer une position active. Elle a ainsi quitté l’objet pour ensuite, lors de la deuxième partie du traitement, le rechercher et le (re)trouver vivant. La double négation traduit alors, chez cette patiente, le début d’un nouveau fonctionnement psychique où la compulsion à soigner laisse la place à la remémoration de premiers souvenirs d’enfance.

MOTS-CLÉS – double négation, double haine, double attraction négative, deux temps de la remémoration, compulsion à soigner, acting de transfert.

Sylvie Pons-Nicolas — La réaction thérapeutique négative : une expression agie de la négation ?

RESUMÉ – Il est fréquent actuellement qu’une réaction thérapeutique négative soit évoquée lorsque l’analyse bute sur des résistances sévères qui font courir le risque d’une analyse interminable. Freud, cependant, a proposé une théorie spécifique de cette notion en constatant la logique paradoxale à l’œuvre : l’apparition d’une réaction négative lorsqu’un symptôme a été résolu avec un renforcement de la souffrance et une aggravation de l’état de l’analysant. Comment comprendre le fait que certains analysants puissent ainsi basculer dans une négativité destructrice ? Dans cet article, l’auteur après avoir suivi le cheminement de l’élaboration de cette modalité de résistance dans la pensée de Freud, en appui sur la clinique, propose d’en illustrer le déploiement à la lumière des travaux de certains de ses successeurs.

MOTS-CLÉS – négation, négatif, paradoxe, haine, imago, objet.

Emmanuelle Sabouret – Relation d’objet allergique et pensée opératoire : deux particularités de la clinique psychosomatique impliquant une défaillance de la négation

RESUMÉ – La relation d’objet allergique et la pensée opératoire sont deux concepts psychosomatiques repris ici sous l’angle de la défaillance de la négation. La relation d’objet allergique est un système défensif contre la perte d’objet qui conditionne la satisfaction hallucinatoire du désir à la présence de l’objet. La prévalence du couple incorporation-excorporation sur le couple introjection-projection y entrave le jugement d’attribution. L’excorporation s’y révèle le mécanisme de défense majeur, perceptible dans la crise de somatisation allergique comme tentative de décharge de l’excitation en cas de conflit. Si celle-ci est insuffisante, la régression opératoire menace avec son risque de désorganisation somatique. Le fonctionnement opératoire relèverait d’un surinvestissement du jugement d’existence en raison de la défaillance du jugement d’attribution. Une séance de psychothérapie d’une adolescente présentant une symptomatologie allergique polymorphe illustre ces propositions théoriques.

MOTS-CLÉS – négation, relation d’objet allergique, pensée opératoire, excorporation, migraine.

Dinah Rosenberg – Vous – ma mère – non. Dénégation chez un enfant et son analyste

RESUMÉ – Cet article interroge les conditions d’émergence du jeu et de la dénégation dans une cure d’enfant. La dénégation, tel que Freud l’introduit dans l’article de 1925, conjugue essentiellement trois termes dont l’un est l’adresse transférentielle et les deux autres sont en conflit. Dans cette cure la haine et l’agitation étaient au premier plan. C’est à partir de l’expression directe du rejet qu’apparaît l’adresse qui permet d’envisager les deux termes en conflit. Le jeu et la curiosité intellectuelle sous forme d’un intérêt pour la mécanique peuvent alors émerger dans la cure et avec l’analyste. Cependant, le jugement de réalité reste précaire et nécessite donc son rétablissement chez l’analyste par le biais d’un travail de la négation chez celle-ci, c’est-à-dire d’un travail visant à retrouver l’objet d’une adresse pour entrer en contact avec ses propres mouvements contre-transférentiels par leur dénégation.

MOTS-CLÉS – psychanalyse d’enfant, dénégation, jugement, jeu, transfert, négation.

DOSSIER : Psychanalystes et chercheurs.
Roger Perron, Daniel Widlöcher

Jean-Yves Chagnon — Montrer-démontrer. À propos de la scientificité de la psychanalyse selon Roger Perron

RESUMÉ – Ce texte reprend certains aspects épistémologiques de l’œuvre de Roger Perron relatifs à la scientificité de la psychanalyse : l’illusion de la mesure, le statut de la preuve, l’objectivité, la répétabilité, la prédictivité, la réfutabilité. Au total la psychanalyse a moins à démontrer qu’à montrer aux trois niveaux qui la caractérisent : investigation de l’inconscient, méthode de soin, théorie psychologique.

MOTS-CLÉS – science, psychanalyse, épistémologie, preuve.

Alain Braconnier – Daniel Widlöcher, un psychanalyste chercheur

RESUMÉ – Existe-t-il une science psychanalytique ? La psychanalyse est-elle une science de la pratique ? Une distinction entre la recherche en psychanalyse et la recherche sur la psychanalyse favorise deux types d’approches. Le cas unique est-il source de recherche ? Ces questions s’appuieront sur les travaux de Daniel Widlöcher, toujours engagé dans ce que signifiait une recherche psychanalytique.

MOTS-CLÉS – recherche en psychanalyse, recherche empirique programmée, questions épistémologiques, Daniel Widlöcher

Abderrahmane Si Moussi, Riadh Ben Rejeb – Roger Perron et les deux rives de la Méditerranée

RESUMÉ – Roger Perron a beaucoup transmis à la rive sud de la Méditerranée, essentiellement dans deux domaines : celui du développement de la psychanalyse et celui de la recherche appliquée. Depuis 1987 et durant quarante ans dont une décennie qualifiée de noire, Roger Perron est allé en Algérie un nombre incalculable de fois. Il a soutenu, accompagné, discuté et formé de nombreux cliniciens dans les domaines de la psychologie, de la psychothérapie psychanalytique et de la psychanalyse. Il a réussi à fédérer un grand nombre de psychanalystes membres de la SPP pour aller animer des séminaires de supervision et participer à de nombreux colloques. Il a été également à l’origine de la naissance du Laboratoire d’Anthropologie Psychanalytique et de Psychopathologie à l’Université d’Alger. En Tunisie, l’apport de Perron a été celui du chercheur expert en méthodologie. C’est grâce à sa supervision qui a duré une dizaine d’années qu’il y a eu l’adaptation et l’étalonnage des Échelles Différentielles d’Efficiences Intellectuelles (E.D.E.I.), premier test d’intelligence adapté aux enfants tunisiens âgés de 3 à 11 ans.

MOTS-CLÉS – Perron, psychanalyse, recherche, Algérie, Tunisie.

Hélène Trivouss-Widlöcher, Nicole Oury – Une co-pensée pour Daniel Widlöcher

RESUMÉ – Nicole Oury interviewe Hélène Trivouss-Widlöcher à propos du rôle de Daniel Widlöcher dans la création de l’APF, et de ses divers engagements en tant que chef de service de psychiatrie, comme Président de l’APF à deux reprises, président de la FEP, secrétaire, puis président de l’IPA. Il a été aussi traducteur d’Anna Freud, a écrit de nombreux livres, a précisé son concept de co-pensée, et a toujours favorisé les échanges interdisciplinaires. Ce texte raconte la trajectoire de ce défenseur infatigable.

MOTS-CLÉS – APF, scission, FEP, IPA, Lacan, co-pensée.

Anne Brun – Une recherche à l’université. Évaluation qualitative des psychothérapies psychanalytiques

RESUMÉ – Dans le contexte d’une inflation de méthodologies évaluatives cognitivo-comportementalistes, des psychanalystes et/ou cliniciens chercheurs ont engagé des recherches universitaires sur l’évaluation des psychothérapies psychanalytiques, notamment en pratiques institutionnelles. L’objectif consiste à construire des modèles pour des évaluations qualitatives, en proposant des critères d’évaluation fondés sur l’épistémologie psychanalytique et en utilisant l’évaluation comme un outil d’exploration des processus thérapeutiques. Après un bref détour par l’histoire et l’épistémologie psychanalytique des recherches sur l’évaluation, cet article présente quelques aspects de cette recherche universitaire : l’élaboration de principes sous-jacents à la construction d’une méthodologie d’évaluation qualitative et l’exemple de la construction d’outils destinés aux praticiens, pour dégager les processus à l’œuvre dans les médiations thérapeutiques.

MOTS-CLÉS – associativité verbale et sensorimotrice, épistémologie psychanalytique, extensions de la psychanalyse, médiations thérapeutiques, méthodologie d’évaluation qualitative, constellation transférentielle.

Alain Ducousso-Lacaze, Pascal-Henri Keller, Annie Giroux-Gonon, François Gonon – Évaluation des psychothérapies se référant à la psychanalyse. Une brève discussion des raisons et des méthodes

RESUMÉ – Ces vingt dernières années, les thérapies se référant à la psychanalyse ont fait l’objet de plusieurs dizaines d’essais cliniques randomisés et contrôlés. Il en ressort qu’elles sont aussi efficaces que les autres psychothérapies basées sur la parole pour soigner les troubles mentaux les plus fréquents. Cependant, cette approche, issue de la médecine somatique, s’est avérée impuissante à éclairer le détail des processus thérapeutiques conduisant à l’amélioration des patients. Ce constat conduit de nombreux auteurs à recommander les études de cas, car elles offrent un éclairage réflexif aux praticiens et une confrontation nécessaire avec leurs présupposés théoriques.

MOTS-CLÉS – psychothérapie, psychanalyse, évaluation, essais cliniques, études de cas.

Marilia Aisenstein – Daniel Widlöcher et l’Association Psychanalytique Internationale

RESUMÉ – Je veux simplement rendre hommage ici à un très grand psychanalyste, président de l’API et de l’APF, professeur de psychiatrie, chercheur, mais surtout une personne d’une qualité très rare. Sa bienveillance, son humanité, son équanimité ne se sont jamais démenties même au moment de conflits très difficiles.

MOTS-CLÉS – Humanité, psychiatrie, théorie, métapsychologie, Association internationale API, Centres-Alliés, recherche.

RUBRIQUES

Histoire de la psychanalyse

Carole Martin – Le psychanalyste Josef Bernhard Lang et son patient-écrivain Hermann Hesse : regards croisés

RESUMÉ – Le recueil, Hermann Hesse Briefwechsel mit seinem Psychoanalytiker Josef Bernhard Lang, met au jour la relation médicale, amicale et artistique entre le psychanalyste Josef Bernhard Lang et son patient-écrivain, Hermann Hesse. Sa lecture offre au monde littéraire et psychanalytique le portrait singulier et peu connu du Docteur Lang, un homme discret en recherche perpétuelle de vérité et de savoir qui fut une grande source d’inspiration et d’adaptation pour l’œuvre Hessienne. En la personne de Lang, Hesse découvre le traitement psychanalytique, la doctrine gnostique, mais aussi la peinture à l’aquarelle. D’une correspondance au départ strictement médicale permettant au patient de convenir de ses rendez-vous avec son psychanalyste, la relation va se métamorphoser en une longue amitié entre les deux hommes complices partageant leur attrait et goût commun pour la littérature allemande, les réflexions philosophiques, les arts, et la musique. Cette correspondance est également un riche témoignage du lien et de la dynamique interdisciplinaire qu’entretiennent la psychanalyse et la littérature.

MOTS-CLÉS – littérature et psychanalyse, Josef Bernhard Lang, Hermann Hesse, écrivain psychanalysé, gnosticisme, quête spirituelle.

Psychanalyse et recherche

Sébastien Lamotte, François Pommier – Du berceau au sling. Répétition du traumatisme, fonction miroir et subjectivation chez un jeune homme chemsexeur

RESUMÉ – Nous tenterons de mettre à l’épreuve l’hypothèse de la répétition traumatique à valences à la fois positive et négative à l’aune de l’analyse d’un cas de jeune homme chemsexeur. Il s’agira d’investiguer le sens que cette répétition prendrait à travers sa pratique de la sexualité sous substances, et, plus en amont, en regard d’un parcours de vie marqué par de nombreux accidents et déroutes. Se faisant, c’est de la dynamique de la répétition supposée dont nous essayerons de rendre compte, et de ce que celle-ci révèle de failles précoces. Sur ce chemin d’élaboration, c’est aussi une analyse des premiers accordages avec l’environnement maternant que nous proposerons, ainsi que de l’influence de ces accordages sur la fonction winnicotienne du miroir. Le retentissement sur le processus de subjectivation sera également examiné afin de mettre en perspective les pratiques sous substances dont il est question, semblant elles-mêmes, et peut-être paradoxalement, se situer à l’orée de ce processus.

MOTS-CLÉS – chemsex, répétitions, traumatismes, fonction miroir, subjectivation.

Clinique et théorie

Élise Pelladeau – Les fonctions défensives de la plainte dans le commerce à l’objet

RESUMÉ – Dans le cadre de cet article, nous envisagerons la « plainte » et plus spécifiquement l’action « de râler » comme un processus antidépressif qui permettrait de jouer entre plaisir et déplaisir, avec les représentations substitutives de l’objet perdu. Nous questionnerons les destins de la plainte dans la rencontre transférentielle et la manière dont le travail analytique mobilise puis assouplit l’arsenal défensif dans la rencontre avec l’objet. À travers le cas de Georges, patient suivi en cabinet libéral, nous questionnerons le retentissement de la perte d’objet et ses aménagements défensifs pour décrire en quoi, l’action même de « râler », pourrait se lire comme un équivalent masturbatoire, écran des objets antérieurement perdus en cascade. Nous considérerons les fonctions hallucinatoires de la plainte, et l’érotisation de l’anticipation de la perte, au service des mobilisations défensives tout en envisageant leur revers dans le travail analytique.

MOTS-CLÉS – plainte, râler, dépression, satisfaction hallucinatoire du désir, perte, objet.

Florent Poupart – Entre absence de représentation et représentation de l’absence : la trace de l’objet

RESUMÉ – La psychanalyse conçoit l’activité psychique comme mue par la poursuite de l’objet perdu de l’expérience de satisfaction : désirer, c’est suivre les traces de l’objet lorsqu’il s’est absenté. On peut donc supposer que la trace, l’empreinte laissée par l’objet, est susceptible de jouer un rôle médiateur, transitionnel, entre l’absence de représentation et la représentation de l’absence. L’auteur propose d’envisager cette hypothèse à la lumière de quelques grands concepts psychanalytiques, notamment chez André Green. L’auteur fait l’hypothèse que l’empreinte de pas dans le sol, en miroir de celle laissée par le holding maternel sur la peau, peut constituer une figuration de la structure encadrante. Cette proposition est illustrée à partir de l’extrait d’un travail clinique, et d’une réflexion autour d’un aspect de l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry.

MOTS-CLÉS – expérience de satisfaction, structure encadrante, hallucination négative, représentation de l’absence, cliniques du vide.