La Revue Française de Psychanalyse

87-5 Résumés des articles

87-5 Résumés des articles

THÈME : AFFECT THÉORIE …

Rapport d’Adela Abella et discussion

Adela Abella – L’analyste et son rapport à la théorie : de la rencontre entre les baleines et les ours

RÉSUMÉ – Ce rapport pose deux questions interconnectées. La première concerne la façon dont chaque psychanalyste construit son propre ensemble théorique. L’idée est proposée que cette construction se fait à partir de trois éléments : l’héritage théorique reçu ; la propre personnalité et histoire, tant personnelle que psychanalytique ; l’air du temps socio-culturel, c’est-à-dire le tissu de sensibilités, de croyances, d’aspirations et d’inquiétudes propres au lieu et à la période dont il s’agit. Le résultat est un édifice théorique très personnel, souvent hétérogène, en grande partie inconscient et imprégné d’affects. La deuxième question : que se passe-t-il lorsque des analystes aux univers théoriques dissemblables se rencontrent ? Un cas clinique détaillé permettra d’illustrer la tension entre théories officielles et théories privées chez l’analyste ainsi que l’intervention irrémédiable d’un degré d’incommunication en tant qu’invariant anthropologique.

MOTS-CLÉS – théorie, pluralisme, débats, socioculturel, incommunication.

Bernard Bensidoun – La lettre du 21 septembre 1897. Discussion du rapport d’Adela Abella

RÉSUMÉ – L’auteur explore les directions ouvertes par le rapport d’Abella, selon deux axes : l’une concerne la genèse des théories de chaque analyste, l’autre concerne l’évolution et les modalités de transformations des théories ainsi que la manière de communiquer des analystes entre eux. À propos de la genèse des théories de chaque analyste, sera abordée la question de l’attachement aux théories de l’enfance analytique, conduisant à l’interrogation sur les liens entre l’exil, la perte, le deuil et la construction d’une théorie. En ce qui concerne la façon dont les analystes échangent à propos de leurs théories, seront abordées la question de l’identification projective, de l’inséparabilité comme modèle de théorie implicite.

MOTS-CLÉS – genèse, théorie, exil, inséparabilité, babélisation.

Rapport d’Olivier Bonard et discussion

Olivier Bonard – Les avocats du ça. Un journal d’analyste et son viatique métapsychologique

RÉSUMÉ – En 1923 se présente l’alternative à Freud de faire du surmoi, issu du ça, le juge de ce dernier ou son avocat. Ce sera le juge qui l’emportera dans ses textes et dans ceux de ses successeurs. Je prends le pari de développer l’intuition que le surmoi est aussi l’avocat du ça. Je pars à sa recherche chez l’analyste en dialogue avec son ça en parallèle avec son patient, m’appuyant sur sa disponibilité à ses propres rêves en séance. La pratique du psychodrame initie l’analyste à cette approche du ça. À d’autres moments, l’analyste devient avocat du moi pour conduire à la latence ou accueillir le schizophrène. Mon usage de la métapsychologie me sert de viatique après mes journées d’analyse et poursuit mon auto-analyse.

MOTS-CLÉS – rêve, double, psychodrame, idéal, tragique, originaire.

Élisabeth Birot – Discussion du rapport d’Olivier Bonard

RÉSUMÉ – Toute cure est un lieu de rencontre entre le surmoi analytique de l’analyste, traduit par son transfert sur la méthode, et le surmoi du patient dont il est le support projectif. Cet écart crée un champ transitionnel où peut se déployer le processus théorisant de l’analyste.

MOTS-CLÉS – surmoi, neutralité, transfert sur la méthode, ambivalence.

Rapport de Marina Papageorgiou et discussion

Marina Papageorgiou – Penser l’affect. L’affect a-t-il toujours raison ?

RÉSUMÉ – L’affect, concept spécifique de la métapsychologie en tant que représentant de la pulsion, est à la fois quantité mouvante, force énergétique de la transformation et qualité d’investissement en petites quantités, l’articulation des deux aspects étant indispensable au plaisir de pensée, à la capacité d’étonnement. À partir de l’œuvre de Freud, les théorisations d’André Green et de Michel Fain, ainsi que des apports culturels, l’auteur examine le travail de l’affect dans le processus analytique, la pensée théorisante de l’analyste et le contre-transfert. Contrairement à la névrose où la représentance pulsionnelle implique une différenciation entre affect et représentation et une articulation des deux topiques, ayant comme paradigme l’hystérie et le travail du rêve, dans la clinique non -névrotique (états limites et psychosomatique), le paradigme est celui du trauma, de la douleur, du deuil pathologique. La déqualification ou la négativation des affects qui agissent en excès ou en défaut, non liés, non psychisés, est pensée en relation avec l’indifférenciation des instances, en particulier du Surmoi. Penser l’affect nécessite alors une théorie de l’ancêtre en tant que principe fondateur de la psyché et du groupe. La requalification des affects convoque un investissement particulier de la fonction paternelle et de la tiercéité.

MOTS-CLÉS – affect, pensée, théorie, capacité d’étonnement, douleur, deuil, ancêtre, surmoi

Nicolas de Coulon – L’affect entre excès, absence et négativation. Discussion du rapport de Marina Papageorgiou

RÉSUMÉ – L’affect est un concept central en psychanalyse où il prend la valeur d’un représentant de la pulsion. La question de savoir si cet affect est porteur de vérité ou s’il est un leurre ouvre une perspective clinique. Nous cherchons à suivre ses possibles destins, entre présence en excès et disparition, lorsque se trouve chez une même patiente la conjonction entre un fonctionnement limite et une manifestation psychosomatique. Cette dialectique trouve un éclairage métapsychologique dans un des derniers textes d’André Green qui postule une rupture précoce du lien de la pulsion avec le futur objet, affaiblissant le narcissisme.

MOTS-CLÉS – affect, pulsion, état-limite, psychosomatique, cas clinique, métapsychologie.

Interventions

Ariella Asser – L’affect et la quête de la vérité

RÉSUMÉ — Si l’affect est un signe de représentation non encore advenue, est-ce que l’on pourrait dire que dans l’analyse, la vérité est une représentation-but ? La vérité serait-elle dans la cure un moyen ou bien constituerait-elle un objectif, fruit de la relation transférentielle ? Ou les deux à la fois ? Quant à l’affect, transféré sur l’analyste, peut-on le voir à l’instar du rêve et des symptômes comme la voie royale qui mène directement à la vérité, à la réalité psychique ? L’affect est-il fiable ?

MOTS-CLÉS – affect, vérité, neutralité, empathie.

Stefano Bolognini — L’analyste et son rapport avec les théories

RÉSUMÉ – Cet article explore certaines relations intrapsychiques complexes des psychanalystes avec leurs théories privées sélectionnées, ainsi que les expressions et variations tout aussi complexes de ces théories dans la communauté et la littérature psychanalytiques. Elles ont accompagné la formation souvent conflictuelle de groupes, d’écoles et d’orientations technico-conceptuelles, au fil des décennies. Plus spécifiquement, l’article met en évidence la dynamique profonde du « transfert aux théories et/ou aux auteurs », dont les conceptualisations inspirent chaque analyste bien au-delà de ses choix scientifiques conscients, « objectifs » (ou supposés tels). L’intégration plus ou moins harmonieuse des « objets internes théoriques » avec le Moi-Travail individuel et le Moi-Travail constitue une tâche évolutive essentielle en ce qui concerne la croissance personnelle et la formation des psychanalystes contemporains.

MOTS-CLÉS – imitation, identification introjective partielle, identification substitutive, transfert aux auteurs, transfert aux théories.

Sarah Bydlowski — Rébellion : entre mouvement défensif et processualité

RÉSUMÉ – Chez le jeune enfant, la rébellion constitue souvent un mouvement défensif plus ou moins organisé en regard des projections parentales, d’une fragilité de l’économie familiale. Elle peut aussi initier un mouvement progrédient d’affirmation du moi, notamment dans le fil processuel d’un traitement. Des changements qualitatifs dans le registre économique et la fonction liante de la symbolisation permettent d’espérer un dégagement pour l’enfant et ses parents de la compulsion de répétition.

MOTS-CLÉS – enfant, rebelle, consultation thérapeutique, processualité, infantile, après-coup.

Paola Catarci — Lorenzo et Antoine : deux garçons rebelles

RÉSUMÉ – L’auteur propose une réflexion sur la fonction subjectivant que certains comportements rebelles peuvent favoriser chez les garçons préadolescents. Le lien entre les caractéristiques de la phase préadolescente et l’envie d’enfreindre les règles données, la volonté de modifier agressivement les comportements et de défier l’ordre adulte est exploré. Un cas clinique est décrit où le défi du garçon rebelle est accepté par l’analyste et cela permettra une évolution subjectivant du patient.

MOTS-CLÉS – subjectivation, pré-adolescence, tendance antisociale, rébellion.

Bernard Chervet — De l’émergence des productions psychiques à la prise de conscience. Contribution à une épistémologie de la psychanalyse

RÉSUMÉ – Affects, théories, représentations et éprouvés sensuels émergent selon le procès de l’après-coup. La transposition initiale d’éléments inconscients sur des matériaux tangibles, le corps, les contenus psychiques, le langage, les objets de la perception sensorielle, est poursuivie par un renoncement à ces métaphores au profit de la conceptualisation du psychisme. L’interprétation de la fonction des productions psychiques permet la prise de conscience des tendances extinctives. Une épistémologie de la psychanalyse en découle.

MOTS-CLÉS – après-coup, transposition, impératif d’inscription, extinction pulsionnelle, épistémologie.

Emmanuelle Chervet — Théories latentes de l’écoute

RÉSUMÉ – La théorisation, manifeste ou latente, fait partie intégrante de la pensée de l’analyste, sous forme secondaire ou imagée, préoccupée de cohérence logique ou infiltrée d’infantile. Comme les autres contenus de la mémoire, ses éléments sont remaniés par la régression formelle au fil du processus de pensée de l’analyste. Ses contenus se mobilisent au sein de la conflictualité interne de l’analyste, au fur et à mesure que le déni se lève dans la cure. Quelques moments de cette mobilisation dans une cure illustrent ces processus.

MOTS-CLÉS – latence, conflictualité interne, contre-transfert, analyste, mémorisation.

Marc Christe — Passages, écarts théoriques et subjectivation

RÉSUMÉ – Par le biais d’un détour historique, d’une expérience personnelle et d’une vignette clinique, l’auteur associe le franchissement d‘un espace d’entre-deux à une expérience subjectivante. Celle-ci advient sur le pont soutenu par des théories aux pôles distincts, l’un plus objectivant et localisateur, l’autre plus proche de mouvements pulsionnels. Ce pont évoque le préconscient, enjambe des territoires hétérogènes et devient porteur de théories latentes, tissage de traces traumatiques et de leur élaboration pulsionnelle dont les modalités sensorielles, mémorielles et langagières évoluent au fur et à mesure du travail de l’analyste et du développement transféro-contre-transférentiel.

MOTS-CLÉS – théories latentes, sensorialité antitraumatique, sentiment d’appropriation subjective, Nebenmensch.

Martin Gauthier — Deux voies de mise en scène des théories sexuelles infantiles

RÉSUMÉ –La mise en scène des théories sexuelles infantiles se déploie sur une voie progrédiente et sur une voie régrédiente. Le film The Fabelmans de Steven Spielberg offre l’exemple d’une théorie de scène primitive sadique que la production du cinéaste continue à élaborer. La théorie sexuelle infantile s’inscrit par ailleurs dans une expérience traumatique au sein de l’histoire relationnelle multimodale de tout individu, ce que Freud lui-même a mis en scène de différentes manières dans ses écrits. Les voies régrédiente et progrédiente questionnent le ou la psychanalyste dans ses propres choix sublimatoires et ses théorisations plus secondarisées.

MOTS-CLÉS – théorie sexuelle infantile, mise en scène, voie progrédiente, voie régrédiente, traumatisme.

Udo Hoch — Die Entstellung – la déformation/défiguration

RÉSUMÉ – L’auteur reconstruit d’abord sa découverte de la déformation/défiguration (Entstellung) comme concept central à partir de la théorie freudienne de la remémoration. Depuis le début jusqu’à la fin, Freud s’est intéressé expressément à la mémoire défaillante et lacunaire, autrement dit aux souvenirs déformés. Partant de ce constat, l’auteur arrive à la conclusion que la déformation/défiguration est un point nodal tant pour la conceptualisation métapsychologique que pour la technique psychanalytique. Dans ce concept s’entrecroisent, mais aussi convergent les différents niveaux élémentaires de la psychanalyse : la clinique, la théorie et la technique.

Entstellung, déformation, défiguration, instinct/pulsion.

Sabina Lambertucci-Mann — Travail de la déformation et pluralité d’affects

RÉSUMÉ – L’auteure décrit les visées du travail de la déformation dans le rêve et dans la séance. Elle souligne comment les images et les affects sont soumis à ce travail qui permet au désir infantile de rester dans l’inconscient. Elle envisage une fonction anti-traumatique de la déformation. Quand cette dynamique échoue, on assiste à l’apparition de configurations traumatiques. La reprise de la déformation favorisera alors le travail de deuil et le passage d’un affect à tonalité monotone à une pluralité d’affects.

MOTS-CLÉS – travail de la déformation, pluralité d’affects, configurations traumatiques, fonction anti-traumatique, construction de la mémoire, traitement de la perte.

Patrick Merot — Angoisse, vérité, croyance

RÉSUMÉ – L’angoisse est un affect originaire, toujours susceptible de réapparaître, par lequel le sujet, dans son lien au Nebenmensch, interroge sa place dans le monde et son rapport aux autres. La quête de vérité qui est une tentative de trouver une réponse à ces interrogations, est un travail de pensée, toujours risqué, qui aboutit à fonder des croyances. Le premier bénéfice de l’installation de ces croyances est d’apporter un apaisement à l’angoisse. C’est le but que poursuit ce travail de pensée.

MOTS-CLÉS – angoisse, croyance, Nebenmensch, travail de pensée, vérité.

Emmanuelle Sabouret — Mélancolie des théories sexuelles infantiles

RÉSUMÉ – À partir de la nouvelle de Barbey d’Aurevilly, « Le plus bel amour de Don Juan », extraite du recueil Les diaboliques (1874), l’auteur fait l’hypothèse que la théorie sexuelle hallucinée au centre de la nouvelle n’est pas une construction mélancolique délirante révélant de bonnes qualités de mentalisation comme ce fut par exemple le cas pour Haitzmann rapporté par Freud. C’est au contraire une défaillance de la mentalisation dont Michel Fain démontre l’existence dans les névroses de caractère.

MOTS-CLÉS – théorie sexuelle infantile, névrose de caractère, fétiche, Don Juan, Haitzmann.

Alper Sahin — Le côté rebelle de l’adolescent somatisant

RÉSUMÉ – La réaction thérapeutique négative peut voiler la négation pour les adolescents somatisant. La négation qui a un sens de refus pour l’adolescent peut aussi signifier son désir de subjectivation donc pulsion de vie. Les transferts positif et négatif formés autour de négation doivent être traités attentivement par le psychanalyste, non seulement comme un refus de guérison, mais aussi un mouvement de désir plein de libido en face d’un adulte.

MOTS-CLÉS – adolescent, psychosomatique, négation, réaction thérapeutique négative, subjectivation.

Patrick Schwengeler – La pelote de la chouette, le fait de la déformation et la régression de l’analyste

RÉSUMÉ – En partant d’une déformation onirique inquiétante – la pelote d’une chouette –, l’auteur montre comment la déformation fonctionne aux niveaux les plus divers. Suivant Freud, nous devons considérer la déformation des rêves comme un fait irréfutable (Die Tatsache der Traumentstellung). L’étude étymologique du mot allemand Entstellung conduit à une dimension dynamique de recherche de l’objet. À partir d’une clinique psychotique, le travail avec des déformations fragmentaires est présenté. Un mouvement régressif de l’analyste est alors indispensable..

MOTS-CLÉS – travail de déformation, Tatsache der Traumentstellung, configurations traumatiques, inquiétante étrangeté, régression de l’analyste, analytic third.

Patricia Waltz — Hallucination cherche hébergements

RÉSUMÉ – Une image hallucinatoire contre-transférentielle et sa rêverie sont venues briser le début d’analyse apparemment sans conflit d’une analysante à l’histoire traumatique. L’auteur décrit l’effet mutatif de cet épisode sur le couple analytique et élabore, selon une perspective bionienne, la compréhension de cette situation. Deux rêves survenus après des années de travail décrivent l’hébergement d’éléments restés impensés et en quête de vérité intersubjective dans la fonction alpha en développement dans le moi de l’analysante.

MOTS CLÉS – hallucinatoire, fonction alpha, écran ß, futur, haine des émotions, rêve.

Communications

Elda Abrevaya — Somatısatıon, anesthésie des affects et effondrement

RÉSUMÉ – Contrairement à la crainte clinique de l’effondrement, qui est un appel, une quête pour que l’événement traumatique précoce soit éprouvé et remémoré, grâce à un autre accueillant dans le cadre analytique, la somatisation tend à être caractérisée par une anesthésie des affects et semble sans appel.

MOTS-CLÉS – crainte de l’effondrement, anesthésie des affects, l’autre accueillant.

Elisabeth Aebi Schneider — La douleur, un potentiel de transformation psychique

RÉSUMÉ – L’auteur se réfère à un destin particulier de l’affect, à savoir la douleur, et se demande, à partir de la clinique du rapport du CPLF de Marina Papageorgiou, si cette douleur ne cache pas le « noyau mélancolique féminin » décrit par Monique Cournut. Si l’on parvient à atteindre ce noyau, il peut en résulter un profond remaniement psychique. En ce sens, la douleur recèle un potentiel de transformation.

MOTS-CLÉS – affect, douleur, noyau mélancolique féminin, transformation.

Zoé Andreyev — Au commencement était… l’affect

RÉSUMÉ – À partir de deux extraits cliniques du rapport de Marina Papageorgiou et du rêve d’un patient, l’auteur développe une réflexion sur le surgissement de l’affect dans des moments d’entre-deux où s’établit un contact entre analyste et patient, sans que l’un et l’autre n’en connaissent véritablement l’origine. Un vacillement qui signe l’entrée dans le domaine intermédiaire du transfert et du contre-transfert, et qui conduit l’auteur à se demander si l’affect n’est pas, aussi, une interprétation.

MOTS-CLÉS – affect, deuil, entre-deux, transfert, interprétation.

Luc Chaudoye — Affect, rêverie et intuition

RÉSUMÉ – Ce congrès réfléchit à l’affect en psychanalyse. La métapsychologie freudienne, fait de l’affect « l’expression qualitative de la quantité d’énergie pulsionnelle et de ses variations ». S’étayant sur la clinique M. Papageorgiou, s’oriente sur les capacités de rêverie de l’analyste, où sont convoqués le jeu et la réalité du patient et de l’analyste. L’affect trouve donc sa place dans l’espace thérapeutique en tant qu’élaborations de perceptions inconscientes et permet d’amorcer le travail de métabolisation nécessaire à la cure.

MOTS-CLÉS – affect, représentation, intuition, rêverie, fantaisie.

Élisabeth Cialdella Ravet — Les destins psychiques de l’affect chez l’analyste en séance, à l’origine de nouvelles théories

RÉSUMÉ – Le rapport d’André Green de 1970 a marqué le retour de l’affect au cœur de l’histoire et de la pratique de la psychanalyse. Depuis, les travaux d’Annie Reich et de Paula Heimann ont permis de faire évoluer la théorisation du contre-transfert par des approches à la fois créatives, profondes et sincères. Pour retrouver en lui ce contre-transfert, l’analyste doit déployer une activité psychique intense : c’est en se rendant sensible à son propre inconscient qu’il pourra le transformer en lui-même et arriver à une interprétation fidèle à la doxa analytique.

MOTS-CLÉS – Green, affect, contre-transfert, angoisse, relation mère-enfant.

Manuel Horlacher — Une expérience et les associations d’un lecteur germanophone de : « Les avocats du Ça. Un journal d’analyste et son viatique métapsychologique » (rapport d’Olivier Bonard)

RÉSUMÉ – L’auteur fait part de son épreuve de lecture du rapport d’O. Bonard « les avocats du ça » et la transforme en expérience autopoïétique, métaphore de l’écoute de la cure avec ses drames inter-instances et ses dynamiques transféro-contre-transférentielles. Il constate que la richesse du texte d’O. Bonard, « les avocats du ça », se révèle mieux au lecteur francophone lorsqu’il se rend compte à quel point Bonard puise, pour la clinique et la théorie, dans le champ d’expériences du dispositif psychodramatique.

MOTS-CLÉS – ça, psychodrame, processus autopoïétique, surmoi.

Armelle Hours — Éclats de l’affect, éclairs de transfert

RÉSUMÉ – À travers une lecture du rapport d’Olivier Bonard, guidée à la fois par la diversité des présentations cliniques et par la fertilité des métaphores, les chemins de l’affect en direction de la théorie seront revisités. À la fulgurance des expressions de l’affect répondent les jaillissements d’une mise en scène, d’une interprétation. Autant d’Einfallen qui initient la possibilité d’une sortie de la sidération qui ne pourra être opérante que dans une autre temporalité que celle de l’urgence. Dans ce travail, l’appui sur la notion des avocats du Ça permet une articulation de la clinique de la séance et de la métapsychologie. Toutefois, le tour de force de Bonard, c’est aussi de montrer via la processualité du travail psychanalytique, que c’est au moment même où, dans un renversement saisissant, le patient se fait avocat du Ça de l’analyste, suite à un acting par exemple, qu’il peut avoir accès à sa propre théorie.

MOTS-CLÉS – affect, théorie, métaphores, transfert, passages.

Valérie Ji-Sook Burnet — La psychanalyse, une théorie affectée

RÉSUMÉ – Sans incarnation, une psychanalyse virtuose ne peut-être que philosophie. Concernant la cure ou la théorie, la sexualité infantile est un processus de liaison pour l’analyste aussi. Elle se manifeste dans l’étonnement ou la surprise, sous une forme d’émergence ou de surgissement. Ce moment transforme afin de sortir du même. L’identité du psychanalyste est singulière et hybride, entre pollinisations et contaminations. Oui, la théorie est affectée, singulière, incarnée, subversive, ou ne sera pas.

MOTS-CLES – théorie, affect, sexualité infantile, émergence, surgissement.

Caroline Lebrun — Changement de point de vue sur les Alpes. Un détour par la littérature et le transfert

RÉSUMÉ – Comparer les deux versions de la mort de la grand-mère chez Proust montre le changement de point de vue du narrateur sur la perte d’un être cher et notamment l’abandon partiel des théories anti-traumatiques. En parallèle, une vignette clinique montre l’infléchissement d’une théorie causale transformée par les voies longues du travail analytique soutenu par la littérature. Pour l’analyste aussi l’œuvre d’art a une fonction réflexive. Le détour par une œuvre de culture l’aide dans son contre-transfert.

MOTS-CLÉS – culture, Proust, réflexivité, théories anti-traumatiques, Nebenmensch.

Arlette Lecoq — La solitude et l’incertitude de l’analyste

RÉSUMÉ – Ayant à l’esprit la solitude et l’incertitude qui habitent l’analyste, l’auteure va considérer les principaux rapports décrits par Adela Abella que l’analyste entretient avec la théorie. Il sera question des théories explicites, de la pratique, des théories implicites, de l’identité de l’analyste et de ses échanges avec ses collègues. Cet angle de vue éclairera d’une lumière particulière les doutes et la vulnérabilité de l’analyste, sa dynamique inconsciente, son sexuel infantile et ses diverses manœuvres défensives.

MOTS-CLÉS – identité, solitude et vulnérabilité de l’analyste, théories explicites/implicites, échanges cliniques.

Luc Michel — L’analyste et les théories du groupe et du socius

RÉSUMÉ – Pour faire suite aux propos développés dans le rapport d’Adela Abella et de la thématique des émotions, nous insistons sur la nécessité d’élargir l’écoute et la préoccupation théorique à la dimension groupale et socio-culturelle. Toute relation analytique s’inscrit en effet dans un contexte plus large où se déploie un méta-transfert et contretransfert. Ces éléments colorent l’émergence des affects en séance.

MOTS-CLÉS – groupes d’appartenance, théories, culture, métatransfert.

Brindusa Orasanu — Affect et logique, une alternance

RÉSUMÉ – À partir des trois rapports, l’article suit la manière dont la logique est un repère de la pensée conceptuelle, mais aussi un élément discrètement détectable, en après-coup, dans le travail analytique et dans le travail du rêve. Comme illustrations, il y a le concept d’identification projective et les différentes vignettes cliniques (A. Abella, O. Bonard, M. Papageorgiou, l’auteure de l’article).

MOTS-CLÉS – affect, logique, alternance, identification projective, après-coup, rêve.

Ariane Treu Kessel — À propos du rapport d’Olivier Bonard « Les avocats du ça »

RÉSUMÉ – Dans son rapport, « Les avocats du ça » au CPLF 2023 à Lausanne, Olivier Bonard défend l’idée que le surmoi est une partie du moi qui joue un rôle de tiers comme avocat du ça. Sa dialectique entre un surmoi en idéal et un surmoi interdicteur chez l’analyste et chez le patient permet de lier le narcissisme régressif, la toute-puissance idéalisée et un narcissisme intégrant l’épreuve de réalité. Si l’on arrive à s’en servir dans la cure, le surmoi permet de faire bouger les interdits liés aux imagos parentales idéalisées et intériorisées. Le surmoi peut alors renoncer à idéaliser l’interdit, accéder aux traces des soins, de la protection et de l’amour parental et les lier à l’agressivité dans une relation ambivalente. Le dégagement d’aspects surmoïques exagérés devient alors un but de l’analyse.

MOTS-CLÉS – surmoi en idéal, surmoi en interdit, psychodrame, trauma, liaison pulsionnelle.