La Revue Française de Psychanalyse

Revue française de psychanalyse t.1 n°1, 1927

Revue française de psychanalyse t.1 n°1, 1927

Le premier numéro de la RFP de 1927 mentionne dans son éditorial, parmi les événements marquant la « floraison de la psychanalyse dans le monde médical français », la Première conférence des Psychanalystes de langue française qui s’est tenue à Genève en août 1926. Inaugurant une tradition qui n’a jamais cessé, la RFP publie ensuite in extenso ces mêmes rapports. Nous publions ci-dessous l’éditorial ainsi que l’annonce des rapports (RFP, 1-1927, 1-2).

Éditorial

Nous ne sommes plus aux temps héroïques où Morichau-Beauchant luttait à peu près seul, dans le monde médical français, pour la psychanalyse. Mais la semence qu’il a jetée dans l’esprit des étudiants d’alors n’a pas été perdue : il y a, dans la floraison psychanalytique d’aujourd’hui, des pousses dont elle a certainement été le germe.

Depuis, l’on a vu l’école de Régis se mettre à l’étude théorique de la psychanalyse, et tâcher d’en tirer des inférences pratiques.

Dans ces cinq dernières années, c’est la pratique même de la psychanalyse qui est entrée en France ; le professeur Claude lui a même, avec une grande clairvoyance, ouvert les portes de la Faculté.

Parallèlement à cette pratique thérapeutique, tout un mouvement scientifique, nourri par un constant échange d’idées, naissait et croissait.

Ce mouvement parisien se trouva, dès 1924, grandement corroboré par son intime union avec le mouvement romand, plus anciennement déclenché et riche de travaux intéressants. En août 1926, put être tenue à Genève, dans des conditions tout à fait satisfaisantes, la première Conférence des Psychanalystes de langue française.

Dans ces conditions, nous croyons qu’aujourd’hui la psychanalyse de langue française est mûre pour avoir son organe d’expression. Il sera le miroir de la jeune Société psychanalytique de Paris, née cet hiver. Les travaux que nous présenterons dans la revue que voici reflèteront l’évolution des conceptions psychanalytiques d’aujourd’hui. C’est dire que cette revue s’adresse surtout aux personnes qui, du fait de leur profession ou par leur amour des études psychologiques, sont susceptibles de mettre en œuvre, dans l’exercice de leur activité, les conceptions et les méthodes psychanalytiques. Il nous semble qu’à l’heure qu’il est, toute une série de disciplines – parmi lesquelles nous citerons seulement la psychiatrie, la pédagogie, la sociologie, la criminologie, voire la critique artistique – ont intérêt à se tenir au courant des études psychanalytiques.

Tous ceux qui sont curieux de choses intellectuelles peuvent ouvrir notre revue sans crainte d’y rencontrer un dogmatisme étroit : travailler en prenant pour base l’œuvre admirable de notre maître Freud n’implique pas du tout que l’on abdique ses idées personnelles. C’est pourquoi l’on trouvera ici des opinions diverses : la Direction essaiera seulement de n’admettre que des travaux sincèrement inspirés par l’amour de la vérité.

Première Conférence des Psychanalystes de Langue Française

La première Conférence des Psychanalystes de Langue Française s’est tenue à Genève, le dimanche 1er août 1926, veille de l’ouverture en cette même ville du Congrès des Aliénistes et Neurologistes de langue française.

La Conférence a comporté deux séances :

À la séance du matin, présidée par le Dr Raymond de Saussure (de Genève), l’on a entendu le rapport du Dr René Laforgue (de Paris) sur « Schizophrénie et schizonoia ». Une très intéressante discussion a suivi cet exposé. Y ont pris notamment part les Drs Boven, Hesnard, Pichon, Minlkowski (de Zurich), Repond, R. de Saussure et le Pr Piaget.

La séance de l’après-midi, présidée par le Pr Hesnard, a été consacrée au rapport du Dr Charles Odier (de Genève), intitulé « Contribution à l’étude du surmoi et du phénomène moral ». Une discussion que l’heure tardive a malheureusement écourtée a suivi ce très remarquable exposé.

L’on trouvera, dans le corps de la Revue, le texte in extenso des deux rapports, ainsi que les quelques notes qu’ont bien voulu nous adresser certains des travailleurs ayant pris part à la discussion.

Il a été décidé que la Conférence se tiendrait chaque année dans la même ville que le Congrès des Aliénistes, et la veille de l’ouverture d’icelui.

Le programme de la IIe Conférence est ainsi fixé :

Le matin : Rapport général du Dr Ch. Odier :

« Le traitement des obsessions par la Psychanalyse ».

L’après-midi : Communications sur les cas cliniques d’obsessions traitées par la psychanalyse.

Tous les membres du Congrès des Aliénistes et Neurologistes de langue française sont cordialement invités à la Conférence.