La Revue Française de Psychanalyse

Catherine Alicot

Catherine Alicot

Tous ceux qui l’ont connue et ont travaillé avec elle savent ce qu’ils doivent à Catherine Alicot, mais tous les lecteurs de la Revue française de psychanalyse, sans le savoir pour beaucoup d’entre eux, peuvent lui être reconnaissants. Notre Revue ne serait pas ce qu’elle est sans ce qu’elle lui a apporté pendant et au-delà même de l’époque où elle en a été la secrétaire de rédaction. L’esprit clair, elle était l’intelligence vivace faite femme. Gaie, capable de faire passer une soirée de rire à ses convives elle était aussi une travailleuse infatigable. Excellente lectrice, traductrice de talent, nombre d’articles publiés dans la Revue doivent une grande part de leur qualité aux conseils de rédaction et aux corrections qu’elle leur apportait. D’une culture très large allant de Proust — et des classiques — aux publications récentes,  elle était aussi au courant des vicissitudes de la politique et de l’actualité. Aînée d’une famille catholique très unie, comptant sept enfants, elle savait établir des relations directes et un mode d’échange chaleureux et quasi familial.

Elle avait longtemps travaillé aux Editions Payot où Claude Le Guen était allé la recruter pour remplacer Muguette Green qui quittait le secrétariat de la Revue. Elle s’est consacrée pendant environ 25 ans à cette tâche pour laquelle son humour a été d’un grand secours. Les analystes n’écrivent pas toujours aussi bien qu’ils le pensent et leur narcissisme réagit souvent vivement aux demandes de modifications.  Mieux vaut en rire et Catherine Alicot savait en rire. Elle relatait ses mésaventures éditoriales avec un véritable talent de conteuse. En seize années de travail proche avec elle je ne l’ai jamais vue renâcler devant une tâche urgente et supplémentaire ou compter son temps.

Elle avait le culte de l’amitié et de l’hospitalité. Assurant pendant des années le secrétariat de Joyce McDougall, elles avaient noué des liens d’amitié ; Catherine s’en est préoccupée avec beaucoup d’affection et lui rendait de fréquentes visites lorsque Joyce fut réduite à entrer en maison de retraite ; elle eut le sentiment de la perdre lorsqu’il fallu la rapatrier à Londres. Elle eut le même dévouement pour James Gammil qu’elle allait voir dans sa maison de retraite en province d’abord, puis à Paris. Elle connaissait nombre de psychanalystes du monde entier et les recevait chez elles lorsqu’ils passaient par Paris. Elle laisse le souvenir d’une personnalité rayonnante, courageuse, lucide, heureuse…

Sa vie s’est déroulée sous le signe de la culture des affections familiales et de l’amitié.

 

Paul Denis
Directeur de la Revue française de psychanalyse 1996-2004